Ils sont deux. L’ancien monde et le nouveau. Olivier Faure, le président du groupe Nouvelle gauche (NG) qui rassemble le peu de socialistes ayant survécu aux dernières élections législatives, et Pacôme Rupin, le vice-président du groupe La République en marche, l’un des jeunes macronistes qui comptent à l’Assemblée. Il est presque deux heures du matin dans la nuit de jeudi à vendredi et la salle des Quatre colonnes est presque vide. Devant quelques rares journalistes qui ont suivi les débats sur la loi « moralisation », ils refont la partie qui vient de se dérouler. Une séance de l’Assemblée nationale qui a multiplié les « incidents » – comme le dit le jargon – et plus prosaïquement qui a été un bordel sans nom à cause du mélange d’amateurisme et d’intransigeance d’En marche. On a vu des présidents de séance qui ne savent pas conduire les discussions, des provocations de l’opposition, un mauvais comptage des votes, des multiples suspensions de séance et rappels au règlement… Et, au final, les députés de La France insoumise (LFI) ont quitté l’hémicycle vexés par une remarque d’un élu de droite, suivis quelques dizaines de minutes plus tard par Les Républicains, qui protestaient qu’on programme pour vendredi l’adoption de la loi, alors qu’ils souhaitaient voter la première partie pendant la nuit. Quant au fond, le contenu du texte, il est bien loin. Ne compte plus que le bras de fer entre la majorité et l’opposition.
Pour Olivier Faure, la responsabilité de ce qui vient de se passer incombe aux chefs d’En marche : François de Rugy, le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, le président du groupe En marche et Christophe Castaner, le ministre des Relations avec le parlement, tous absents au moment des événements.