Suède, envoyée spéciale
Kiruna, Suède, 150 kilomètres au nord du cercle polaire. « Il fait terriblement froid aujourd’hui non ? » Dans des contrées prises dans les glaces un bon tiers de l’année, la remarque pourrait prêter à rire. Mais en ce tout début décembre, un glacial vent d’hiver balaye les rues de la ville minière (lire l’épisode 2, « Dans le Grand Nord, la mine qui mangeait la ville »). Moins 30°C, un climat inhabituellement rigoureux pour la saison, au point que même les gens du coin frissonnent et franchissent rapidement les portes de verre de la Maison du peuple. Au rez-de-chaussée, quelques étrangers se renseignent sur les balades en traîneau et les hôtels de glace auprès de l’office de tourisme. À l’étage, une trentaine de personnes de tous âges se pressent vers l’espace de réception. Leurs vestes et leurs robes de feutre bleu roi, gris perle ou écarlate sont relevées par des ceintures et des cols brodés de mille couleurs entrelacées, parfois agrémentés d’attaches en argent ouvragé.
Depuis deux jours, le Parlement sâme de Suède tient l’une des ses sessions plénières pluriannuelles. Ses trente-et-un députés sont venus de tout le Sapmi suédois, de Lycksele à Karesuando en passant par Jokkmokk, Pajala et Gällivare. Dans la salle de conférence de la Maison du peuple, le drapeau sâme a été déployé. Mais pour l’heure, c’est la pause-café ou fika, une institution suédoise que, Sami ou pas, nul ne reniera.