Soudain, la violence a fait irruption. Et ils l’ont prise en pleine face. Les néomilitants d’En marche n’étaient pas préparés. Ils ne s’y attendaient pas. Tout neufs en politique, pas forcément aguerris, ils se sont engagés dans des comités locaux, sur la base de la « bienveillance » revendiquée dans le mouvement d’Emmanuel Macron : c’est-à-dire de l’écoute, du respect, etc. Pas d’invectives, ni d’injures. Pas de sifflets. Depuis les résultats du premier tour, ils se disent « surpris » de la brutalité qu’ils découvrent chez des mélenchonistes dépités ou des lepénistes triomphants et facilement agressifs, comme leur candidate lors du débat de l’entre-deux-tours. Emmanuel Macron n’est plus un adversaire ; il est devenu l’ennemi. Les militants d’En marche se retrouvent de fait le réceptacle de cette détestation. « La première fois, on est surpris », confie Maria Paz Usach Fave, une adhérente active en Bourgogne qui a essuyé un « voleurs ! » et même un « grosse merde ». « On n’a pas suivi une formation pour gérer cette violence. Mais je ne me laisse pas atteindre. »
Dès le lendemain du premier tour, les appels ont afflué au standard du QG d’En marche. « C’est un flux continu depuis lundi, explique Patrice Flory-Celini, un « helper » (un bénévole) de 45 ans, qui y fait du « phoning » tous les jours, ou presque, depuis trois semaines.