Ils se postent face à la sortie de la gare du Bourget. À l’heure où les RER crachent des flots d’habitants qui rentrent chez eux. « Il faut voter dimanche 7. On compte sur vous. » Ils sont trois, affublés d’un K-way blanc signé Macron et d’un sourire indéfectible. Ils distribuent le programme de leur candidat et quelques arguments quand ils en ont le temps. À leur vue, un moustachu blond-roux d’une cinquantaine d’années s’engouffre dans la station en criant : « Le Pen présidente ! Le Pen présidente ! » Sandy, 36 ans, une ingénieure en télécoms, est venue tracter pour une petite demi-heure. Elle habite au Bourget et sera le lendemain sur le marché de sa ville. Elle milite pour En marche depuis quatre mois. « Ce qui me tue, c’est qu’on ne voit pas le sursaut de 2002, quand tout le monde était dans la rue, ça me fait mal », me glisse-t-elle.
David Lin, un jeune homme de 23 ans, complètement neuf en politique, coordonne les actions de terrain sur cette circonscription qui rassemble Le Bourget, Drancy, Bobigny. Un homme, frêle, agent de sécurité, accompagné de deux petites filles explique qu’il a voté Mélenchon au premier tour et ne sait pas s’il se déplacera pour le second : « Les deux me font peur. » Il est exactement la cible des macronistes, ici en Seine-Saint-Denis. Dans le département le plus pauvre de France, Jean-Luc Mélenchon a obtenu 34 % des suffrages, dix points devant Emmanuel Macron (Marine Le Pen est arrivée en troisième position à 13,59 %).
Deux jours après le premier tour, à l’initiative de David Lin, quelques militants de cette circonscription du 93 s’étaient retrouvés au « local », une petite pièce éclairée de néons, pour une réunion résultats, chips, Sprite et stratégie.