Si vous avez suivi l’actualité, cela ne vous a pas échappé : Emmanuel Macron fait des cadeaux aux riches. Avec la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) et la réforme de la fiscalité du capital, 4,5 milliards d’euros de baisses d’impôt pour les plus fortunés sont inscrits dans le projet de loi de finances 2018. Et si vous avez été attentifs, vous avez bien vu que le gouvernement rame pour montrer que, non, pas du tout, son budget est aussi à destination des pauvres, que la baisse de la fiscalité va profiter à l’économie en général et que, par ailleurs, on va taxer les yachts et les lingots d’or, alors, les riches, croyez bien qu’ils ne vont pas être tant que ça à la fête… Et puis, quand il faut bien avouer la vérité et que, oui, on fait des exonérations fiscales pour des gens qui ne sont pas dans le besoin, on réécrit la science économique. Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire a ainsi inventé la « théorie de la création des richesses » (lire l’épisode 1, « Macron entre dans la trans ») et, dimanche soir, le chef de l’État nous a sorti sur TF1 la « théorie de la cordée » et du « premier de cordée » – le riche, l’entrepreneur… – sur lequel il ne faut pas « jeter des cailloux », sinon « c’est toute la cordée qui dégringole ».
Alors que, dans cette obsession, on cherche une pensée derrière les mesures économiques du gouvernement, cette « séquence » – comme disent les journalistes politiques – ne fait pas très sérieux. L’alpiniste Roger Frison-Roche comme référence économique ? Cela sent l’improvisation et les « éléments de langage » élaborés après coup. Tout se passe comme si personne au sein de la majorité n’avait anticipé la polémique. Comme si tous avaient découvert au dernier moment la réalité de ce « cadeau ». Étrange, non ? Eh bien, pas tant que cela. Si la polémique n’éclate que maintenant, c’est qu’En marche s’est bien gardé de dire pendant la campagne qu’il allait faire une fleur aux plus aisés. Certes, la suppression de l’ISF et la mise en place d’un prélèvement forfaitaire unique (PFU) pour les revenus du capital étaient bien annoncées, mais il n’était pas prévu que ces réformes se traduisent par des économies d’impôt (et pèsent sur le budget de l’État).

Le programme d’En marche était en effet tout ce qu’il y a de plus clair : « Le but n’est pas de baisser globalement la fiscalité des revenus du capital mais de la rendre plus lisible et plus efficace », était-il écrit.