Peut-on rendre hommage aux victimes et aux familles des victimes d’un attentat, sans tenir compte de l’avis de ces dernières ? Alors que se tient ce vendredi matin, près du Petit Palais, l’inauguration par la mairie de Paris du Bouquet of Tulips de Jeff Koons, Life for Paris affiche son malaise. Cette association, composée de survivants et de proches de victimes du 13 novembre 2015, critique le choix du mécénat fait par la ville de Paris et l’artiste pour réunir les 4,5 millions d’euros destinés à construire et installer cette sculpture, comme nous le décryptions dans l’épisode précédent. Interrogée par Les Jours, Life for Paris nous a transmis le message suivant : « Notre budget annuel d’association de victimes, qui aide au quotidien des gens qui vont mal, représente une infime partie du coût de cette sculpture et nous avons du mal à le boucler. Nous sommes donc choqués de voir que l’œuvre sera financée par des dons défiscalisés et donc par le contribuable. » Les mécènes bénéficiaires sont notamment Xavier Niel et Bernard Arnault, et le coût pour les finances publiques, du fait de la loi permettant de défiscaliser ses dons, pourrait être d’un million d’euros. Une somme très, mais alors très supérieure au budget de Life for Paris.
Depuis le début de cette histoire de « cadeau » voulu par Jeff Koons, les associations de victimes sont les grandes oubliées des discussions. L’artiste lui-même ne les a jamais contactées, même indirectement. Et elles se sont donc contentées d’apprendre les péripéties de ce dossier diplomatico-culturel dans la presse. En février 2018, Arthur Dénouveaux, le président de Life for Paris, s’en était ouvert publiquement. Dans une interview au Nouveau Magazine littéraire, il dénonçait « une œuvre à connotation joyeuse assez troublante », qui « a autant à voir avec le premier pas de l’homme sur la Lune qu’avec les attaques du 13 novembre 2015 ». Autres critiques, le lieu « déconnecté de l’événement que l’œuvre est supposée commémorer » (à l’époque, le projet était de l’installer devant le Palais de Tokyo, mais la remarque vaut aussi pour le Petit Palais) et le fait que les associations de victimes cherchaient

Pour faire taire ces critiques, la mairie de Paris avait alors expliqué à Life for Paris que la communication autour du cadeau de Jeff Koons serait à l’avenir déconnectée du 13 Novembre.