Comme Jean-Louis Diesel, Christiane Élue n’existe pas mais tout le monde la connaît. Directrice d’école à la retraite, fille d’agriculteurs, elle est maire de son village depuis 2008 parce que son père était maire avant elle et que personne d’autre ne s’est présenté. Elle se dit sans étiquette, comme très souvent dans les petites communes, et vote la plupart du temps avec la droite dans les instances intercommunales ou départementales. Quand son père occupait son siège, il était un notable tout-puissant, distribuant permis de construire et gérant tout dans sa commune à l’exception de la départementale, où les camions à peine ralentis à 70 km/h font vibrer les vitres des maisons toute la journée. Puis, bout par bout, une lente réorganisation législative a vidé le rôle du maire d’une commune de moins de 1 000 habitants. Désormais, ce sont la communauté de communes, le département, voire la région qui gèrent de plus en plus de choses. C’est parfois un bien, cela permet d’avoir des compétences techniques, des ingénieurs spécialisés sur certains sujets. Mais Christiane Élue a l’impression de ne garder que les problèmes. Les places en crèche ou en nounou qui manquent, les ados qui font du bruit le soir autour du lavoir parce qu’ils n’ont que ça à faire. Tout cela, ajouté au manque de moyens qui ne s’arrange pas d’année en année et aux factures d’énergie ingérables en cette année 2022, la pousse à se demander si elle ne va pas, comme d’autres communes l’ont fait en France ces derniers temps, demander la fusion avec les autres petits villages à côté. Ensemble, ils arriveront peut-être à peser un peu plus sur ce monde qui change vite.
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