Dans le premier épisode de cette série, nous vous avons présenté Jean-Louis Diesel (lire l’épisode 1, « Accros à l’auto : debout sur les freins ! »). Un Français comme les autres, avec une vie comme les autres, faite de sauts de puce en voiture tous les jours, autour de son village qui ressemble à tant d’autres villages, privé de commerce mais loin de rien… si on est motorisé et si on trouve de l’essence dans un territoire où la pénurie de ces derniers jours révèle à nouveau l’ultradépendance de chacun à la bagnole. Voici désormais Christiane Élue, la maire sans étiquette de sa commune.
Christiane est maire depuis 2008 ; avant, c’était son père. Elle a toujours vécu là, dans une famille d’agriculteurs, sauf qu’elle est devenue institutrice, puis directrice d’école. Elle en a fait des kilomètres dans le département, au fil de ses affectations et aujourd’hui pour représenter son village au sein de la communauté de communes à laquelle elle appartient, mais aussi au conseil départemental. Depuis une dizaine d’années, elle regrette que de plus en plus de sujets soient confiés à ces assemblées où elle n’est qu’un petit rouage qui ne comprend pas toujours tout ce qu’il se passe parce que tout est devenu très technique. C’est une bonne chose pour le ramassage des ordures, par exemple, moins pour les débats sans fin sur les éoliennes. Mais il y a un secteur sur lequel Christiane Élue a gardé la main, ce sont les permis de construire. Et depuis vingt ans, ça n’arrête pas. C’est un mélange de familles de la ville qui cherchent à se loger plus grand et au vert, à l’image de celle de Jean-Louis Diesel, de ménages franchement pas riches repoussés de plus en plus loin des villes par les prix qui augmentent, de jeunes couples qui télétravaillent depuis le Covid et, de temps en temps, de riches qui achètent une vieille ferme pour en faire une maison de vacances. C’est comme cela qu’au fil des ans sa commune s’est agrandie en construisant deux petits lotissements de pavillons.
Bienvenue dans la France de la maison individuelle, de l’étalement urbain et de la voiture comme solution à tout, le modèle dominant depuis les années 1960. « L’idéal du pavillon, le rapport qualité-prix accessible au plus grand nombre, c’est encore ce qui est l’horizon de pas mal de ménages en France, confirme le sociologue Matthieu Gateau, coauteur d’un livre sur le sujet.