Et si on disait qu’on zigouillait tous les moustiques, est-ce que peut-être, ça ne serait pas vraiment grave pour la nature ? Voilà qui ressemble fort à une réflexion enfantine. Mais les enfants posent souvent de bonnes questions. Et c’est vrai, des campagnes d’éradication des moustiques ont bien été entreprises à l’échelle locale, voire régionale. Avec quelles conséquences en termes de biodiversité ? Quand ces campagnes étaient menées avec des insecticides chimiques du type DDT – le dichlorodiphényltrichloroéthane –, on peut parler d’une contamination toxique et durable des écosystèmes (lire l’épisode 1, « Le moustique tigre, le bzzz de l’été 2024 »). Mais depuis la fin des années 1970, une alternative naturelle à ces produits de synthèse a été développée : le BTI ou Bacillus thuringiensis israelensis, du nom d’une bactérie présente naturellement dans les sols et capable de tuer les larves de moustiques qui l’ingèrent. Face aux nombreux problèmes causés aujourd’hui par la prolifération des moustiques, il semble tentant d’y recourir partout où ces insectes nous dérangent, y compris dans les zones dites naturelles. Mais l’exemple du parc naturel de la Camargue, où ce larvicide est utilisé jusque dans des zones humides protégées afin d’éviter que les moustiques nés en milieu rural ne se déplacent dans des villes touristiques côtières du coin, invite à la prudence en la matière, alerte la biologiste Brigitte Poulin, autrice de plusieurs travaux de recherches sur le sujet. Entretien.