Nora, Syndicaliste, Tixie, Peaksquick, Zozo, Sissi, Fifipouspous et leurs congénères mènent la belle vie à Hayange. Si la secrétaire du maire Fabien Engelmann ne cache pas son amour prononcé pour sa vingtaine de minets sur les réseaux sociaux – et ferait même, selon deux personnes proches de la mairie, livrer ses croquettes à l’hôtel de ville –, c’est que l’édile Rassemblement national (RN) lui-même partagesa folle passion. Voilà en tout cas le message que Fabien Engelmann martèle sur tous les tons depuis sa prise de fonction, il y a six ans. Un penchant qui n’est pas sans rappeler celui affiché par Marine Le Pen, qui se met régulièrement en scène avec son chat Phoebus. Ou celui de Jean-Marie Le Chevallier, maire frontiste époque Le Pen père, qui, à peine élu à Toulon en 1995, avait asséché les associations et ouvert le robinet à subventions pour les chats. Un classique de l’extrême droite et du Front national : dans son programme de 2017, Marine Le Pen disait vouloir «faire de la cause animale une priorité nationale» et la listait dans ses « 144 engagements présidentiels ». Au niveau local, Fabien Engelmann s’inscrit ainsi totalement dans la ligne du parti et va même plus loin, comme le prouvent des documents confidentiels que LesJours, n’hésitant pas à porter la plume dans le poil, ont pu consulter. Jusqu’à faire soigner des chats de particuliers aux frais du contribuable.
Le maire ne s’est pas contenté de baptiser une rue circulaire de la commune du nom de « Brigitte-Bardot » et de publier sans base légale un arrêté interdisant de territoire municipal tout cirque détenant des animaux sauvages. Il a surtout dépensé sans compter pour donner à sa ville sa propre fourrière. La mission de ce type de structure est de capturer les animaux errants, de les soigner, puis de les relâcher ou de les soumettre à adoption. Une plongée dans les arcanes de celle d’Hayange, qui a soufflé sa quatrième bougie en janvier, en dit long sur la gestion financière passionnée et approximative du patron de la commune.
Tout a commencé par une rumeur, en 2014, concernant la fourrière dont la ville est membre depuis 2011, au côté de plus de 150 autres communes. Le refuge du Jolibois à Moineville, à une vingtaine de kilomètres d’Hayange, envisagerait de ne plus stériliser ni castrer les chats errants. Inacceptable pour Fabien Engelmann, qui relaie l’affirmation peu de temps après son arrivée au pouvoir.