Les municipales happées par le Covid

Forcément, le score du forain Marcel Campion au premier tour des élections municipales à Paris ne sera pas examiné avec toute l’attention qu’il mérite. Mais ne comptez pas sur Les Jours pour baisser le rideau : jamais aucun virus, sinon celui de la bêtise, ne s’est transmis par les internets. Restons donc confinés sur Les Jours, vous de ce côté de l’écran, nous de l’autre, pour revivre ici même une soirée électorale à nulle autre pareille. Replay.

La plus étrange, la plus inédite des soirées électorales pour le plus bizarre des scrutins. La France est au bord du confinement comme l’Italie et l’Espagne avant elle, la fermeture de tous les commerces « non essentiels » a été décrétée par le Premier ministre Édouard Philippe ce samedi soir, après le bouclage des écoles annoncé jeudi par le président de la République Emmanuel Macron, mais le premier tour des élections a été maintenu. Qui sera peut-être annulé si le deuxième tour ne se tient pas dimanche prochain. Tout. Va. Bien.

Et bien sûr, l’abstention atteint un niveau record. 38,7 % de participation seulement à 17 heures, du jamais vu, contre 54,7 % lors du dernier scrutin municipal en 2014. À Courson-les-Carrières, ce petit village de l’Yonne d’où Les Jours racontent les élections – en plus de la mairie Rassemblement national d’Hayange, en Moselle, et de Paris –, l’abstention est dingue : 52 %. Avec ce gros, gros suspense : le maire Jean-Claude Denos, trente ans de mandat au compteur, sera-t-il, comme à l’accoutumée, élu au premier tour ?

A voté… avec des gants

Aller voter, ou pas. Aller voter, sachant qu’en cas d’annulation du deuxième tour, le premier serait déclaré caduc, ou pas. Sans vous en dévoiler la couleur – même si aucun vote pour Serge Federbusch, le candidat soutenu par le Rassemblement national à Paris, ne saurait être toléré –, la majorité de la rédaction des Jours est allée, stylo perso en main, glisser son bulletin dans l’urne. Avec des pincettes tout de même. Dans ce bureau à peu près désert du quartier Belleville, on respecte les distances de sécurité mais c’est à peu près tout. L’assesseur, sans gants ni masque, touche les pièces d’identité. Mêmes assesseurs tactiles dans ce bureau du X^e arrondissement, en bord du canal où s’agglutineront plus tard des tonnes de Parisiens venus prendre le soleil, mais la présence de masques et de gants est constatée. Dans le XVIII^e, ni gants ni masques, mais une simple désinfection du stylo entre deux électeurs. Sur Twitter, le hashtag #Irresponsables a fleuri.

Dans l’attente du confinement

« S’il doit y avoir une détérioration de la situation sanitaire, ça doit guider toutes nos considérations », dit Bruno Le Maire, ministre de l’Économie interrogé sur France 2 sur le maintien du second tour.