D’Hayange (Moselle)
Le coronavirus ne fait pas rire le Rassemblement national (RN). Si les électeurs s’abstiennent par peur de se faire éternuer sur le bulletin, les scores du parti d’extrême droite pourraient bien en pâtir, craignait ce vendredi la direction. Signe de la fébrilité frontiste, Marine Le Pen alertait ainsi sur Twitter : « Des sites spécialistes en “fake news” profitent honteusement de la situation pour tromper les électeurs », enrageait-elle. En cause ? Le post d’un site satirique prétendant que la taulière du RN appelait ses électeurs à « ne pas aller voter pour éviter toute contamination ».
Un sérieux qui tranche avec l’attitude de Fabien Engelmann, maire RN sortant d’Hayange, en Moselle. Au début du mois de mars, il affichait encore une insouciance toute complotiste. Après un message sous-entendant que le gouvernement amplifiait la crise du coronavirus pour faire oublier son emploi du 49.3 dans le débat sur la réforme des retraites, il partageait une blague d’un ex-maire frontiste du Var, Philippe de La Grange : « La meilleure protection contre le coronavirus consiste à éteindre radio et télévision », pouvait-on lire le 5 mars sur le profil personnel du maire sur Facebook.
Malgré cette désinvolture affichée, ce dimanche, les mesures sanitaires sont bien présentes dans les bureaux de vote d’Hayange. Sur les portes de celui jouxtant l’hôtel de ville, plusieurs grandes affiches accueillent les électeurs. Une poignée de mains y est dessinée grossièrement, barrée par un trait noir. Une fois franchie la porte, les votants peuvent se servir en gants en plastique et se laver les mains au gel hydroalcoolique. Un employé de la mairie est même affecté à une tâche jusque-là inconnue : la désinfection régulière des poignées de porte. « Je nettoie tout le temps, mais j’ai des gants, c’est bon », rassure-t-il, rôdant dans les locaux. S’il se dit « fier » de travailler pour un « super maire », le virus ne passe pas. « Ils ferment les crèches et les écoles mais pas les élections municipales ? C’est quoi, ça ? », poursuit-il, remonté contre un complot qu’il affirme avoir percé à jour. « Le gouvernement a inventé cette histoire de virus pour calmer les gens et faire la réforme des retraites », poursuit-il. « Ils sont malins ! »
À la mi-journée, si l’abstention nationale affiche une forte progression par rapport au précédent scrutin municipal (18,38 % de taux de participation, cinq points de moins qu’en 2014), les votants sont sereins.