Reculant d’un pas pour apprécier leur prestation politique dans son ensemble, manquant ici de nous faire renverser par un jeune père sur un vélo-cargo et là de nous faire taxer une clope de plus par un cracké collant, nous bourrâmes nos pipes d’éditorialistes avisés pour nous poser cette question, tout aussi avisée : et si c’était elles ? D’accord, pas besoin d’être super balèzes pour prévoir que nous avons sous nos yeux celles qui grimperont sur les deux plus hautes marches du podium parisien, le 15 mars prochain : Anne Hidalgo, d’abord, puis Rachida Dati. Comme si aucun nouveau monde ni aucun Emmanuel Macron n’était passé par là, la mairie de Paris semble se jouer à l’ancienne, entre gauche et droite, comme au bon vieux temps. Le parti socialiste pour l’une – qui prend bien soin de ne pas l’afficher sur son matériel électoral, histoire de ne pas se faire porter la poisse – ; Les Républicains pour l’autre – qui, elle non plus, ne le mentionne pas sur ses tracts, superstition encore. Elles feront très attention à ne pas se croiser durant la campagne, mais la semaine dernière les a vues s’affronter sur le même terrain, le Xe arrondissement de Paris. Le siège social de la nation bobo pour Anne Hidalgo, une « no-go zone » pour Rachida Dati.
Les rendez-vous – à 24 heures de différence, le matin pour l’une, le soir pour l’autre – n’ont rien à voir. La présentation de son programme pour la maire de Paris et une réunion avec pour thème la salle de shoot de l’hôpital Lariboisière pour celle du VIIe arrondissement. Soit un espace de coworking, le Morning coworking – un ancien centre des douanes qui fut ensuite le siège d’Agnès B. –, avec tout ce qu’il faut de murs blancs, de lustres, de verrières et de végétalisation contre la salle d’un café tout ce qu’il y a de parisien, le Magenta, boulevard du même nom. Toute l’équipe d’Anne Hidalgo, les têtes de liste de chaque arrondissement, les soutiens, un chouille de people (Audrey Pulvar, numéro 2 sur la liste des arrondissement du centre, les Ier, IIe, IIIe et IVe) contre Rachida Dati, seule ou presque, venue avec sa veste en cuir et son conseiller Alexandre Whitmore rejoindre la réu organisée par Bertil Fort, qui se présente sous les couleurs de Dati dans le Xe. Bon, il faut dire que la tête de liste de droite en 2014 dans l’arrondissement, Déborah Pawlik, alors porte-parole de la candidate Nathalie Kosciusko-Morizet, a filé chez Benjamin Griveaux et brigue désormais la mairie du XVIIe.
Rachida Dati en campagne dans un café du Xe arrondissement de Paris ; Anne Hidalgo lors de la présentation de son projet au Morning coworking
— Photos Sébastien Calvet/Les Jours et Olivier Corsan/PhotoPQR/Le Parisien/MaxPPP.
Nous sommes là dans les deux faces du Xe arrondissement, qu’à peine deux kilomètres séparent, entre la place de la République et Barbès.