Tout s’est passé comme prévu, mais rien de tout cela n’était normal. Samedi soir, le premier concert-test français, organisé au palais omnisports de Paris-Bercy avec le groupe Indochine en dompteur de foule debout, masquée mais non distanciée, s’est imposé comme un coup de com marquant. Dans le même temps, la Villette sonique, dans le parc parisien (XIXe arrondissement) du même nom, a timidement inauguré les festivals de l’été dans les règles qui leur seront imposées, c’est-à-dire avec des spectateurs distanciés et assis. C’était un week-end de grand-écart qui résumait l’état d’indécision dans lequel se trouve la musique live à quelques semaines de l’été, coincée entre deux possibles : tandis qu’on pouvait siroter sa bière démasqué devant les percussions électroniques de Lucie Antunes ou le rap nébuleux de Lala &ce à la Villette, on pouvait hurler collé-serré mais masqué devant Nicolas Sirkis, l’insubmersible chanteur à mèche peroxydée d’Indochine, qui a lancé un vibrant « peut-être que ce soir, ensemble, on va changer le monde ! » Ou, au moins, ne pas rester les bras croisés.
À Bercy, 5 000 personnes étaient rassemblées debout dans la fosse de la salle qui peut en accueillir 20 000 habituellement, de quoi produire des images jamais vues depuis début 2020 et suffisamment fortes pour, peut-être, réorienter la politique gouvernementale, très frileuse sur les grands rassemblements depuis des mois. Mais