La musique contre tout Covid, l’aventurier contre tout confiné. Voilà pour l’ambiance mèche au vent du concert-test qui aura finalement lieu ce samedi soir à Paris. C’est donc les inoxydables Indochine qui tiendront l’affiche, précédés par un DJ set électronique d’Étienne de Crécy sur la scène du palais omnisports de Bercy. Face à eux, une fosse de 5 000 personnes avides de retrouver les sensations du concert debout, non distancié mais masqué, volontaires pour participer à ce qui est autant une expérience scientifique qu’une opération de communication qui a failli ne pas se faire. Et qui arrive bien tard, alors que les concerts ont repris le 19 mai (lire l’épisode 10, « Viens revoir les musiciens ») et que les festivals survivants commencent à envisager un été moins catastrophique que prévu sur l’échelle du pire à laquelle la crise sanitaire du coronavirus nous a habitués depuis un an et demi.
Le protocole de ce concert-test est simple mais drastique : 7 500 personnes ont été sélectionnées parmi quelque 20 000 volontaires en ligne, par tirage au sort une fois écartés ceux et celles qui ne conviennent pas aux exigences de l’expérience. Il faut avoir entre 18 et 45 ans, ne pas être cas contact ou avoir été positif dans les deux semaines, ne pas présenter de comorbidité ou vivre avec quelqu’un qui en présente. Ces 7 500 élus ont ensuite été testés ces derniers jours à Bercy et devront se tester seuls à l’aide d’un test salivaire le jour du concert et une semaine après. Enfin, seuls 5 000 volontaires auront la chance de voir Indochine à Bercy, les autres constituant un groupe témoin qui vivra sa vie normalement, comme l’exige le principe d’une étude scientifique randomisée.
On ne peut pas se taper un deuxième été mort sans qu’on sache pourquoi on est toujours à l’arrêt. La profession a besoin de passer par là plutôt que par une grève de la faim ou de foutre le bordel. Il faut qu’on sorte de ce silence assourdissant, des 5 000 personnes assises qui sont inapplicables.
Que cherche alors à prouver ce concert-test qui exclut d’office toute personne potentiellement positive ? « Il ne s’agit pas de montrer comment circule le virus en milieu clos », ni de faire prendre des risques aux volontaires, avertit Constance Delaugerre, la virologue de l’hôpital parisien Saint-Louis qui a encadré la mise au point du protocole avec des médecins de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP). Il s’agit « d’établir le fait qu’assister au concert n’augmente pas le risque de contamination.