De Marseille
Plus de compromissions, une seule solution : Gaudin démission ! Le mot d’ordre doit fleurir derechef dans les tribunes du stade Vélodrome. Car il faut être lucide : ça tangue à l’OM depuis que le vénéré patriarche Jean-Claude a laissé tomber son job de président de la métropole Aix-Marseille Provence, le 4 septembre dernier. Il n’est plus que maire de Marseille – poste qu’il abandonnera aussi lors des prochaines municipales de 2020 – et la vérité saute à l’œil comme le gobie à l’hameçon : depuis, ça flotte sévère dans les soutes de l’OM, même si le bateau s’accroche au podium de la Ligue 1. On savait que, quand un Big Chief annonce qu’il pliera bientôt les gaules, son autorité s’en trouve sapée de façon irrémédiable – ce qui entraîne des soubresauts dans tous les domaines, y compris le plus important à Marseille : le foot. Mais là, on a déjà la solution : Jean-Claude, laisse aussi tomber la mairie sur laquelle tu rayonnes depuis vingt-trois ans et engage-toi à l’OM, qui a besoin de toi.
Parce que le foot, c’est compliqué. Seul le Prez’ Jacques-Henri Eyraud, le Lionel Messi du PowerPoint (lire l’épisode 17 de la saison 1), croit que cette activité répond à des donnés rationnelles, comptables et irréfragables. Il n’en est rien. C’est un jeu basé sur l’utilisation de poupées vaudou, de maraboutage de l’ennemi, d’amulettes et de grigris ensevelis derrière les buts, de signes de croix répétés et de versets du Coran murmurés. Selon les rites de cette messe obscure, il convient aussi de porter à chaque match ce bon vieux slip avec lequel on a gagné la coupe Intertoto.
De cette mixture de croyances, il ne ressort aucune règle. C’est du vécu, coco, de la sueur et des larmes mélangées à du sang de coq, de la bave de crapaud et du sperme de cachalot. Tout le monde cherche le grimoire mais personne n’a la recette. Sauf Jean-Claude : à gagner sans défaillir ses élections depuis 1995, à rempiler pour quatre mandats consécutifs, il maîtrise la chose mieux que les autres. Parce qu’il va de soi que la politique obéit aux mêmes pratiques ésotériques que le foot. Seule incertitude : Jean-Claude porte-t-il les jours d’élection le même slip que lors de son entrée en politique en 1965 ?

On s’égare, alors qu’il faut, même si ça fait mal, revenir sur les faits.