De Marseille
On ne rigole pas quand le curé de l’Ohème monte en chaire. Chaque avant-match, il enregistre face caméra depuis une église tenue secrète son « OMélie », à l’ombre de sa casquette dont la visière est directement reliée par ondes électromagnétiques aux puissances divines. La prochaine est d’importance, à l’égal de la bénédiction urbi et orbi du pape qui, en bon supporter du club argentin de San Lorenzo, sait que les soirs de match, le goupillon doit aider le ballon. Surtout quand, comme ce dimanche soir, le PSG déboule au Vélodrome : il faudra toutes les forces de l’esprit pour envoyer ad patres ses stars propulsées au gaz qatari.
Pour son court sermon, le curé de l’Ohème – qui n’a rien d’un curé, comme son nom ne l’indique pas – a choisi ses mots avec prudence. Il compte évoquer David contre Goliath, en s’inspirant d’une métaphore récemment filée par le Très-haut, le proprio Frank McCourt (lire l’épisode 16 de la saison 1). « La force de David, c’est de mettre sa confiance en Dieu », dit notre curé, qui va en demander autant de l’OM, tout en sachant une chose : avec la religion, on peut plaisanter, et il le fait, via son compte créé sur Twitter à l’été 2017. Mais avec le foot à Marseille ? Jamais de la vie ! C’est bien trop sérieux. D’ailleurs, l’activité du club est scrutée par une flopée de commentateurs, comme le Chameau (lire l’épisode 7 de la saison 1) ou René Malleville, le supporter grande gueule, mais seul le curé, qui s’appelle Frédéric Flandin dans une autre vie, se réfère à la liturgie plutôt qu’aux ouvrages techniques détaillant le 4-4-2.

Car il sait que, entre le foot et la religion, il y a comme « un lien naturel ». Catho pratiquant et disciple de l’Évangile selon coach Rudi Garcia, il part d’un principe : « S’il y a une séparation entre l’Église et l’État, il n’y aucune séparation entre l’Église et l’OM ! » Ce laïc membre du groupe de supporters des Ultras depuis 1995 (lire l’épisode 3 de la saison 1) s’est nommé « curé de l’Ohème » pour blaguer – il a prudemment écrit « Ohème » pour ne pas avoir de problème de droits avec l’OM. Gageons qu’il est bénit par la main de Dieu, celle de Maradona, auquel un mouvement religieux unique, l’Église maradonienne (Iglesia Maradoniana, en espagnol), voue un culte justifié.
Seul célébrant de cette paroisse virtuelle, Flandin, 41 ans, y porte l’écharpe de l’OM comme une étole. Il se « déguise », c’est « un rôle ».