Le Prez’ n’avait pas grand-chose à y gagner, mais il l’a fait. Le 10 mai dernier, Jacques-Henri Eyraud a visité un bidonville sous un pont d’autoroute à Marseille, où des familles roms survivent sans eau ni électricité. Jane Bouvier, une Anglaise qui anime L’École au présent, une association luttant pour la scolarisation des Roms, l’a accueilli avec plus de chaleur qu’en septembre, quand le boss de l’OM l’avait contactée après avoir lu un article sur son association dans Le Monde. « Je ne savais rien du foot, et même pas qu’un club avait un président », rigole-t-elle. Un après-midi d’automne, « il est venu tout seul » faire une tournée des bidonvilles avec elle et a proposé d’inviter des enfants au stade. Jane Bouvier n’a pas sauté au plafond. « Je n’étais pas très chaude. Moi, je milite pour éviter les expulsions, mettre un toit sur ces enfants, leur permettre d’aller à l’école. Je suis dans l’urgence. Alors, les amener au stade, ça me paraissait très loin. »
Elle a fini par accepter et une quinzaine d’enfants se rendront donc au stade Vélodrome pour le dernier match de la saison de Ligue 1 (L1), samedi prochain, contre Amiens. « En fait, les gamins sont hypercontents !, raconte Jane Bouvier. Parfois on me propose des trucs ludiques et je dis non. C’est moi qui avais tort. Ça m’a fait réfléchir. » Que cherche Eyraud ? « Faut lui demander. Je pense qu’il se sent concerné. Il est sincère. C’est un mec bien. Ça l’a touché. » Jane Bouvier écarte le risque d’être instrumentalisée : « Je ne vois pas comment ça pourrait lui faire de la pub. En plus, moi, je suis vachement radicale, je me fais beaucoup d’ennemis. » Sachant que le Rom est à Marseille plus souvent pourchassé que cajolé, il y a plus de coups à prendre que de bénéfices à tirer pour le président de l’OM. Après l’abbé Pierre, Jacques-Henri frère des Roms ?
Le foot accomplit des miracles, et pas qu’en envoyant Marseille en finale de la Ligue Europa, la « petite » coupe d’Europe, ce mercredi soir à Lyon, contre l’Atlético Madrid. Il œuvre aussi pour la paix, comme l’atteste cet exploit qui ramène les JO de Corée du Sud à un peu de modestie : l’OM rassemble sous son maillot les deux Corées de la politique française. À savoir, à ma droite, Emmanuel Macron, supporter olympien de longue date, qui a taquiné la chique au centre d’entraînement de la Commanderie en début de saison (lire l’épisode 1, « Frank McCourt, droit à la culbute »), passant en un dribble d’un Paul à l’autre, de Ricœur à Ricard.