Certains trouvent que le Prez’ Jacques-Henri Eyraud a un peu la tête d’Harry Potter mais ne serait-ce pas plutôt Jack the Ripper ? Ce lundi, le boss de l’Olympique de Marseille a, d’une missive par voie d’huissier, coupé sans trembler la tête des Yankee, une des associations de supporters du virage Nord, en dénonçant la convention qui leur permettait de vendre des abonnements au stade Vélodrome. Du coup, les Yankee, en place depuis 1987, perdent leur financement – 35 euros par abonné –, et leur raison d’être. Eyraud leur a dit : « Yankee go home ! ». C’est donc dans leur home, le local du groupe, dans le centre de Marseille, qu’on retrouve ce mercredi soir le président Michel Tonini, polo rose et humeur morose. « C’est le début de la fin d’un certain idéal, lâche-t-il. Il y a une volonté de transformer l’OM en Eurodisney. »
En optant pour une sanction collective à peine l’euphorie de la fin de saison passée – avec notamment une finale de coupe d’Europe (lire l’épisode 16, « Marseille en bleu blanc lose ») –, le Prez’ prend un risque : à Marseille, on ne s’attaque pas impunément aux supporters. Mais il compte sur l’image ébréchée des Yankee et le manque de solidarité des autres associations pour valider son coup de poker, qui vise aussi à une aseptisation générale des tribunes où se craquent à ses yeux bien trop de fumigènes coûteux pour le club (800 000 euros d’amende la saison passée). Les Yankee ripostent en estimant dans un communiqué que ce « pseudo-bobo parisien » s’attaque « à l’essence même de l’OM et plus particulièrement au peuple marseillais », mettant en place « son plan machiavélique Leproux bis » : « Le but est simple, détruire les groupes de supporters […]. Les Yankee ne sont que les premiers sur la liste McCourt », le propriétaire américain de l’OM (lire l’épisode 1, « Frank McCourt, droit à la culbute »).

Le club dément. Mais au-delà des indispensables mots belliqueux – « Nous ne laisserons pas McCourt et Eyraud détruire l’esprit de l’OM. Nous ne les laisserons pas prendre possession de nos âmes. Nous allons les combattre et nous allons gagner » –, Tonini sait que ses moyens sont faibles. Attaquer en justice cette « rupture unilatérale d’un contrat privé » ? Cela prendra trois ans, assure-t-il, alors que la campagne de réabonnements pour la nouvelle saison commence lundi prochain. « Ils jouent le temps judiciaire contre le temps de l’abonnement », déplore Tonini.
Début avril, il nous avait raconté ses déboires avec la direction de l’OM et sa déprime partagée par nombre de supporters qui voient chaque saison leurs libertés, dont celle de faire n’importe quoi, rognées (lire l’épisode 10, « Yankee pleure et Yankee crie »).