De Marseille
Il y a la complainte de la mère, Corinne : « On est sous pompe à morphine. Ils interdisent tout. Où est le plaisir ? » Celle de la fille, Naïs : « Ils nous tuent à petit feu. Ils ne nous coupent pas la tête, mais ils coupent tout ce qu’il y a autour. Au stade, vous pouvez tout juste respirer. » Et voici la grand-mère, Colette : « Ils éliminent les supporters tout doucement. C’est national. C’est la Ligue, notre ennemie. » Mais de quoi parle-t-on ? De la difficulté d’être un supporter, un vrai, pas un simple spectateur, bigre, dans cette série qui vous conte l’Olympique de Marseille côté foot, côté ville, et aussi côté passion. Et de la passion, chez les Cataldo, la famille au cœur du groupe de supporters des Dodger’s, il y en a sur trois générations, de Colette, 77 ans, fan de Roger Magnusson qui va au stade depuis 1961, à Naïs, 20 ans, en passant par Corinne, 48 ans.
« J’ai obligé personne », avertit Colette. « On est nées dedans », résume Naïs, qui veut devenir aide-soignante. Ça a même commencé avant : en 1969, Corinne était dans le ventre de sa mère enceinte de cinq mois quand elle a pris le train « en bois » pour monter à Colombes voir l’OM battre Bordeaux en finale de la Coupe de France. Arrivée au stade, Colette a découvert que de sa place elle ne voyait rien. « Mille kilomètres pour être derrière un poteau ? » Elle a pris d’autorité la place d’un Parisien abonné.
Corinne, secrétaire, a emmené Naïs pour la première fois « au ballon » en 2004 – elle avait 7 ans –, pour la finale de la coupe UEFA à Göteborg, en Suède (perdue 2-0 contre Valence).