Ozempic : premières nouvelles des effets secondaires
Troubles gastro-intestinaux, pensées suicidaires… Loin des fantasmes, des études solides commencent à tomber sur la famille des nouveaux médicaments anti-obésité.
Jaclyn Bjorklund a lancé les hostilités. En août dernier, cette femme de 44 ans a intenté une action en justice en Louisiane contre les laboratoires danois Novo Nordisk et américain Eli Lilly. Elle leur reproche d’avoir minimisé les effets secondaires de leurs médicaments pour la perte de poids. Jaclyn Bjorklund a commencé à prendre en 2022 du sémaglutide sous le nom d’Ozempic – fabriqué par Novo Nordisk – avant de passer en juillet 2023 au tirzépatide– aka le Mounjaro d’Eli Lilly (lire l’épisode 2, « Les Big Pharma en quête de la pilule minceur miracle »). Et visiblement, cela n’a jamais été une partie de plaisir. La patiente affirme avoir souffert de vomissements sévères et de brûlures gastro-intestinales, au point de se rendre à plusieurs reprises aux urgences. Que l’Ozempic et ses cousins – des médicaments analogues du GLP-1, une hormone intestinale naturelle – agissent directement sur le système digestif, ce n’est un secret pour personne. C’est même une des clés de leur efficacité : ils freinent la vidange de l’estomac, et par conséquent le coup de fourchette.
Cet effet mécanique peut fréquemment engendrer tout un cortège de troubles gastro-intestinaux, certes désagréables mais peu graves, comme des nausées et des vomissements, des diarrhées, des constipations ou des brûlures d’estomac. Pas sûr que les avocats de Jaclyn Bjorklund aient l’occasion d’affronter ceux de Big Pharma. Novo Nordisk a d’ores et déjà déposé une requête en irrecevabilité devant le tribunal fédéral de Louisiane. La société rappelle que ces effets indésirables sont bien connus et mentionnés noir sur blanc sur la notice de son médicament.
Mais d’autres effets de cette famille de médicaments – citons, outre l’Ozempic et le Mounjaro, le Wegovy, autre bébé de Novo Nordisk –, potentiellement graves et parfois absents des notices, sont scrutés de près. Si l’on ne parle pas ici de scandale sanitaire majeur type Mediator (lire l’épisode 1, « Ozempic, une mince affaire ? »), se pourrait-il malgré tout qu’ils puissent causer des troubles gastro-intestinaux sévères ? Des cancers ? Des suicides ? Pas question d’alarmisme, mais de vigilance pour les scientifiques et les autorités de santé, en Europe et outre-Atlantique.
Une étude canadienne publiée le 5 octobre dans la revue JAMA, relance le débat. Elle établit un lien entre la prise de sémaglutide (Ozempic et Wegovy) et de liraglutide (Rybelsus et Saxenda) et des affections gastro-intestinales sévères chez les candidats à la perte de poids.