Si les labos Novo Nordisk et Eli Lilly comptaient sur elle pour dire merci, c’est raté. Tigress Osborn, la présidente de la National Association to Advance Fat Acceptance (Naafa), principale association contre la grossophobie aux États-Unis, n’a pas applaudi l’arrivée de leurs nouveaux médicaments contre l’obésité : le Wegovy (la molécule s’appelle sémaglutide, comme pour l’Ozempic) et le Mounjaro (tirzépatide). Pour l’activiste, il s’agit plutôt là d’un fardeau de plus pour les personnes grosses, un énième coup de pression. Car les médicaments analogues du GLP-1, une hormone intestinale naturelle, semblent si efficaces qu’un sous-entendu affleure vite : si les obèses ne maigrissent pas, c’est vraiment qu’ils le font exprès. « Le matraquage médiatique selon lequel tout le monde peut et doit perdre du poids en prenant les bons médicaments implique que ceux d’entre nous qui sont encore gros échouent. Nous en avons assez de ce message », écrivait Tigress Osborn en avril dernier dans une tribune publiée sur le site de la Naafa.
Il y a un paradoxe avec ces nouveaux médicaments stars. Ils sont à la fois un remède potentiel et, pour certains milieux militants, un possible poison pour les corps et les esprits. Des deux côtés de l’Atlantique, qu’ils soient déjà accessibles ou dans les pipelines des Big Pharma (la mise sur le marché du Wegovy en France serait pour bientôt), ils inquiètent.