La scène est anachronique. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, au 101 rue de l’université, dans le VIIe arrondissement de Paris, Laurence Vanceunebrock-Mialon, en veste bleu marine, marche aux côtés de sa fille de 15 ans. Les cheveux blonds attachés, sac à dos bleu ciel dans le dos, jean clair tombant bien au-dessus de ses chevilles et Converse blanches aux pieds, le look de la jeune fille détonne un peu dans cette enceinte plus habituée aux tailleurs et aux costumes-cravates. En cette fin juillet, la députée a convié sa cadette à la suivre toute la journée. À assister notamment à l’entretien qu’elle a organisé avec Laurène Chesnel, déléguée chargée des familles de l’Inter-LGBT, afin d’échanger sur le contenu du projet de loi bioéthique. Un projet de loi qui concerne directement la fille de la députée. Ses deux mères, qui l’ont conçue à l’époque grâce à une PMA en Belgique (lire l’épisode 1, « Ma PMA ma bataille »), se sont séparées avant la loi sur le mariage pour tous. Et Laurence Vanceunebrock-Mialon, qui ne l’a pas portée, n’a aujourd’hui aucun moyen de créer un lien de filiation avec elle. La mère et la fille ne le sont donc pas légalement, et ne bénéficient ni l’une ni l’autre des droits et devoirs afférents. Une des situations délicates rencontrées par les familles homoparentales, non solutionnées par la loi sur le mariage, et que le projet de loi bioéthique approuvé le 24 juillet dernier en Conseil des ministres ne règle pas non plus.
Parce qu’elle fait partie du groupe LREM majoritaire à l’Assemblée, parce qu’elle défend le gouvernement en place, Laurence Vanceunebrock-Mialon veut pourtant d’abord insister, quand on l’interroge, sur les aspects positifs du projet de loi