Ce mercredi, Dieudonné s’est pris deux revers devant la cour d’appel : définitivement condamné – (à deux mois de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende) pour des tirades antisémites dans un spectacle, il a aussi été expulsé du théâtre de la Main d’Or, à Paris, où il était devenu indésirable. Mais à 51 ans, Dieudonné n’en a pas fini avec la justice. Cette fois, ce ne sont pas les propos de l’ancien humoriste qui lui attirent des ennuis, mais son patrimoine caché. Selon les informations des Jours, le parquet de Paris a requis, le 28 octobre dernier, le renvoi de Dieudonné et de sa compagne, Noémie Montagne, devant le tribunal correctionnel. Ils avaient été mis en examen pour fraude fiscale, blanchiment, abus de biens sociaux et organisation frauduleuse d’insolvabilité. C’est désormais au juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke, aux manettes de l’enquête depuis le 1er avril 2014, de décider si un procès doit se tenir.
Un faisceau d’éléments convergents a conduit la justice à se pencher sur le patrimoine de Dieudonné. D’un côté, le polémiste a omis pendant plusieurs années de payer les amendes qu’il devait verser au Trésor public à la suite de plusieurs condamnations, ainsi que des dommages et intérêts à la Licra (Ligue contre le racisme et l’antisémitisme). Celle-ci a déposé plainte et signalé à la justice des vidéos dans lesquelles Dieudonné lançait des appels aux dons. De l’autre, en janvier 2013, Tracfin a saisi le parquet de Chartres – Dieudonné habite en Eure-et-Loir –, après avoir découvert des mouvements de fonds suspects : ils laissaient penser que le comédien, réputé insolvable et qui ne possédait plus aucun bien en son nom propre, avait en réalité envoyé, depuis 2009, plus de 400 000 euros au Cameroun par l’intermédiaire de comptes détenus par des proches.
Plusieurs enquêtes financières visant à clarifier sa situation réelle sont déclenchées dans le courant de l’année 2013 avant d’être centralisées à Paris. Lors d’une perquisition chez Dieudonné en Eure-et-Loir, à la fin janvier 2014, les policiers de l’Office central de lutte contre la corruption et les infractions financières et fiscales (OCLCIFF) tombent sur 650 000 euros en liquide stockés dans des coffres-forts. Son avocat de l’époque, Jacques Verdier, explique que l’argent découvert « est le produit de la billetterie » des spectacles. Les amendes impayées de Dieudonné s’élèvent alors à 65 000 euros (dont 37 000 en condamnation définitive). Il commence à les régler peu de temps après.

Les enquêteurs s’intéressent également à sa maison, saisie par le fisc puis rachetée 551 000 euros aux enchères par Les Productions de la plume, la société de production de ses spectacles, gérée par sa compagne Noémie Montagne.