L’affaire secoue le commissariat du XVIIIe arrondissement de Paris depuis la mi-juin. Comme l’ont révélé Les Jours, cinq fonctionnaires de la brigade anti-criminalité (BAC) locale sont désormais mis en examen pour des faits graves (lire l’épisode 2, « BAC du XVIIIe : trois nouveaux policiers mis en examen ») : association de malfaiteurs, corruption, vol, trafic de stupéfiants, blanchiment, faux en écriture publique (une qualification criminelle, passible de la cour d’assises), détournement de fichiers… La liste des infractions est longue et inhabituelle. À divers degrés, la justice reproche à ces policiers d’avoir participé à un système allant du simple vol sur des revendeurs de drogue à la mise en place d’une protection monnayée. Deux dealers, soupçonnés de corruption sur les fonctionnaires de police, sont également mis en examen.
Outre un évident problème d’image, la « chute » de ces policiers a des conséquences pratiques sur la vie de leur commissariat. Les cinq mis en examen, ainsi qu’un sixième policier passé par la case garde à vue et relâché sans poursuites, appartiennent à un même groupe de neuf fonctionnaires au sein de la BAC « Jour ». Tous les six sont aujourd’hui, selon les cas, suspendus ou mis en congés forcés. À ce jour, ils n’arpentent plus les trottoirs du XVIIIe arrondissement, de la Goutte-d’Or à la colline du crack, porte de la Chapelle. La préfecture de police, visiblement pétrifiée par cette affaire, ne répond plus à aucune question sur la situation administrative des fonctionnaires mis en cause. Elle refuse aussi de nous indiquer leur ancienneté, ou même le nombre total de policiers en poste à la BAC du XVIIIe. Par d’autres sources, nous avons cependant appris qu’ils sont une cinquantaine. Dont dix pour cent mis en examen, donc.

Karim M., le brigadier le plus gravement mis en cause, dort en prison depuis le 14 juin. Il lui est reproché d’avoir racketté des dealers, vendu des informations confidentielles et blanchi en Algérie l’argent gagné par ce biais. Âgé de 45 ans et surnommé « Bylka »
“Bylka”, il se croyait dans “The Shield”, mais il avait un côté humain. Il m’a déjà dit : “Allez, réveille-toi, lâche pas l’école.” Des fois, ça pouvait rigoler et le lendemain, partir en couille.
À la Goutte-d’Or, Bylka était une figure locale, désigné par certains dealers comme le successeur de « Titus », un policier de la BAC qui a quitté le quartier.