Soudain, la violence policière qui frappe régulièrement les camps de fortune – Calais, Saint-Denis – où s’amassent les réfugiés a explosé en plein Paris. Place de la République, ce serait ironique si ça ne faisait pas mal au ventre. Aux yeux de tous, exposé en direct sur les réseaux sociaux par des journalistes et des citoyens, un déferlement de matraques s’est abattu d’abord sur un camp de migrants, évidemment posé sur l’emblématique place pour faire entendre et voir sa cause, puis dans les rues de la capitale au fil de la chasse aux exilés. Un coup de pied haut placé ici, un croche-patte là, une tente vidée, comme un sac, de ses occupants qui tombent au sol, un reporter brutalisé à plusieurs reprises au cours de la soirée, et des hommes en quête d’asile repoussés par la police jusqu’au bout de la nuit aux frontières de Paris pour les faire disparaître.
Cet accès de brutalité policière est survenu dans la nuit de lundi à mardi. Quelques heures plus tard, ce mardi en fin d’après-midi, la majorité La République en marche a voté « solennellement » et à une large majorité (388 voix pour, 104 contre) la loi dite « sécurité globale », dont son article 24, qui limite la diffusion d’images de policiers en action (lire l’épisode 5, « Libertés : une semaine de flou furieux »). Un texte qui punit d’un an d’emprisonnement et de 45 000 euros d’amende