Ces deux-là ont visiblement des choses à se dire. J’ai proposé à Barbara Romagnan et à Olivier Faure, les deux députés socialistes que je suis pour Les Jours depuis plusieurs mois de se rencontrer et de discuter. Des fractures de la gauche, de son avenir (d’accord, ce n’est pas le genre de sujets qu’on évacue en une conversation). J’avais préparé des questions, mais ils rebondissaient l’un sur l’autre, pas toujours dociles.
Ils appartiennent au même parti. La députée du Doubs est ce qu’on appelle une « frondeuse », minoritaire dans son camp. Elle fait partie des rares députés à avoir voté contre le maintien de l’état d’urgence le 19 novembre dernier et elle renouvellera son vote cette semaine, après l’attaque de Nice. Elle a été outrée par la déchéance de nationalité. Elle combat avec acharnement la loi El Khomri qui devrait être définitivement adoptée ce 20 juillet, jusqu’à signer une motion de défiance au gouvernement de Manuel Valls. Élu en Seine-et-Marne et porte-parole du PS, Olivier Faure,lui, cherche coûte que coûte à maintenir ensemble une majorité de gauche, esquissant des solutions pour éviter les blocages. C’est souvent douloureux. Elle est vive, entière. Lui est un faux calme, dense, qui exprime sa colère sans hausser le ton. Il y a un immense besoin de parole dans cette gauche déchirée.
Quand je les ai vus le 31 mai dernier, ils ont beaucoup, beaucoup discuté de la loi travail.