Il ne voulait pas rater le vote. Ce jour solennel où se gravent les décisions de la Nation. Le 16 novembre, trois jours après les attentats de Paris, au Congrès, Franck Riester s’était levé sans hésiter pour applaudir le président de la République. Acclamer un chef d’État de gauche, comme député de l’opposition, cela ne lui était pas arrivé très souvent. Mercredi 10 février, il a donné sa voix à la réforme de l’exécutif, qui prévoit la constitutionnalisation de l’état d’urgence et la déchéance de la nationalité française pour les terroristes condamnés. Dans sa famille politique, scindée, tout comme la gauche, 111 députés du parti Les Républicains ont approuvé la révision constitutionnelle, 74 ont voté contre et huit se sont abstenus.
Franck Riester, député de Seine-et-Marne est l’un des trois députés que Les Jours suivent, avec les socialistes Barbara Romagnan et Olivier Faure. Ce mercredi, Barbara Romagnan qui, le 19 novembre, avait été l’une des très rares parlementaires à refuser le prolongement de l’état d’urgence décidé par François Hollande, est restée fidèle à son arbitrage, mais s’est sentie un peu consolée de se retrouver moins seule. Comme 82 autres socialistes, elle a voté contre la réforme constitutionnelle. Olivier Faure, farouchement hostile à l’idée même de déchéance de la nationalité, mais loyal à François Hollande, a voulu montrer qu’il n’approuvait pas le texte, sans risquer de clouer au sol un président privé de sa majorité
. Il s’est abstenu.

Dans son bureau, peu après le scrutin, Franck Riester prend le temps de m’expliquer son choix. À Versailles, et après, il a ressenti la nécessité face aux Français, aux observateurs, et même face aux terroristes, de montrer que la Nation est rassemblée derrière le chef suprême de notre sécurité
. Dans un moment comme celui là, particulièrement grave, si le Président nous demande d’inclure l’état d’urgence dans la Constitution et d’étendre la déchéance de nationalité, c’est ma responsabilité d’accepter. Ce n’est pas le moment de rentrer dans des débats à n’en plus finir.
Il ne tergiverse pas. On est en guerre
: le président de la République l’a dit et Franck Riester approuve. Cette terminologie ne le choque pas, il l’adopte lui aussi.
Avant même que je lui propose d’être l’un des élus dont Les Jours raconteraient le quotidien politique, dans un contexte de défiance, Franck Riester m’avait devancée pour me dire à quel point il était soucieux de la désaffection des citoyens vis-à-vis de la politique et de leurs représentants.