Olivier Faure arrive en séance à l’heure pile, prend une feuille jaune que lui tend un huissier, qui indique l’ordre et le temps des prises de parole. 9h30, vendredi 5 février, la discussion générale sur le projet de loi constitutionnel prévoyant la déchéance de nationalité s’ouvre. Jean-Jacques Urvoas est assis au banc des ministres, au premier rang, une nouveauté pour lui. À droite, je compte seulement une dizaine d’élus. Les rangs de la gauche sont plus peuplés. Olivier Faure s’assoit à côté de Bernard Roman, place 425. C’est le siège qui lui a été attribué dans l’Hémicycle, mais il doit certainement apprécier ce compagnonnage : le député du Nord, lui non plus, ne veut pas accepter la déchéance de nationalité proposée par le gouvernement.
En séance publique, les discussions générales ne sont pas décisives mais elles permettent aux députés de se positionner. Chacun parle pour le Journal officiel et personne ne se répond, mais cela permet d’observer les nuances
, confirme Olivier Faure. Au micro, solennel, Manuel Valls vient rappeler que la menace terroriste est là inédite, globale, durable
. Il insiste : nous sommes dans un nouveau monde
, Nous sommes en guerre
, répète-t-il, réclamant autour de lui l’unité nationale
. Le Premier ministre affirme que l’état d’urgence est efficace, indispensable pour la sécurité de nos compatriotes
. En trois mois, 3 289 perquisitions administratives ont permis la saisie de 560 armes, dont 42 armes de guerre ; 341 personnes ont été placées en garde à vue et 571 procédures judiciaires ont été ouvertes ; 407 personnes ont été assignées à résidence. Des mosquées radicales et des salles de prière ont été fermées. Des associations ont été dissoutes par le Conseil des ministres. Les filières sont déstabilisées. De nombreux individus sont identifiés et placés sous surveillance. D’ailleurs, un des projets terroristes déjoués a pu l’être grâce à une perquisition administrative, menée dans le cadre de l’état d’urgence
, égrène le Premier ministre.

Il défend ensuite la déchéance de nationalité : Comment ceux qui rejettent nos valeurs, qui déchirent avec rage et violence le pacte républicain, qui s’engagent dans une armée terroriste pour tuer leurs propres compatriotes, pourraient-ils rester français ?
Il insiste : Aujourd’hui, comme à ses origines, la déchéance de nationalité est la réponse collective des Français vis-à-vis d’autres Français qui ont choisi de porter gravement atteinte à la vie de la Nation. C’est un geste qui marque l’union de tous ceux qui respectent le pacte républicain contre tous ceux qui le brisent. Ce n’est pas une manière de distinguer ; c’est, au contraire, une manière d’affirmer ce qui nous unit.