Cela fait un moment que les affaires de pollution et de vieux déchets m’obsèdent. Pour Les Jours, j’ai commencé à enquêter sur le sujet en Normandie, en fouillant notamment un véritable vide-ordures installé sur une plage près du Havre (lire l’obsession Trash investigation). Des gens du coin m’avaient alors parlé d’une entreprise ayant selon eux un lourd passif en matière de pollution de l’environnement normand : Guy Dauphin Environnement (GDE). À l’époque, j’avais laissé couler, préférant dévoiler les saletés d’entreprises mieux connues : Total, ExxonMobil, ou encore Coca-Cola. À tort.
Pour J’ai pollué près de chez vous, je me suis rendu ces derniers mois près de Saint-Nazaire et dans plusieurs communes victimes de graves pollutions en Isère (lire l’épisode 2, « En Isère, l’irrespirable projet Inspira »). À chaque fois, le nom et les nuisances locales de GDE sont revenus dans les témoignages de riverains. Serait-ce une répétition d’événements simultanés liés au hasard (on a regardé la définition de « coïncidence » dans le dictionnaire) ?
Répondre à cette question, c’est plonger dans plusieurs décennies de délinquance environnementale. D’abord, une petite biographie. L’entreprise porte le nom du ferrailleur Guy Dauphin, qui a créé en 1965 à Rocquancourt, dans le Calvados, une petite entreprise de recyclage. Âgé d’à peine 16 ans, son fils Claude quitte l’école en 1967 pour y travailler.