Arthur Dénouveaux, président de l’association Life for Paris, principale organisation de victimes du 13 Novembre, ressemble à un archétype. Ce Polytechnicien polyglotte de 36 ans devenu chouchou des médias, petite barbe, esprit acéré, parole fluide et limpide, incarne à la perfection tous ces jeunes gens parisiens, souvent bien éduqués et aisés, jadis gais, heureux et branchés, partisans instinctifs de l’ouverture au monde et aux autres, visés le soir du 13 Novembre. Emblème et porte-parole de cet état d’esprit, Arthur Dénouveaux ose le déclarer aux Jours : « Je pense être capable de dire à la fin : “Je souhaiterais que ça ne soit jamais arrivé mais au bout du compte, il y a eu du positif.” »
On n’en est pas encore là et personne n’y pensait évidemment aux lendemains des attaques. Arthur Dénouveaux était, le soir du 13, dans la « fosse » du Bataclan, là où ont succombé et agonisé nombre de victimes. Il l’a raconté quand il a déposé à la barre en octobre. « J’ai hésité à rester au bar, ce qui m’aurait peut-être coûté la vie et j’ai décidé d’aller dans la fosse, vers l’arrière, à gauche. Le concert a commencé, tout à fait standard, et comme tout le monde, j’ai entendu au bout d’un certain temps les enceintes craquer. J’ai cru à des pétards. J’ai reconnu des tirs d’armes automatiques. Il y a eu un énorme cri, un grand mouvement de foule et c’était comme les blés qui se couchent. Je me suis dit qu’il fallait absolument sortir et qu’il fallait rester le plus bas possible. Pendant un temps pas très clair, je suis resté allongé, je rampais, les gens me marchaient dessus, j’ai rampé sur des corps de gens dont je ne savais pas s’ils étaient morts ou vivants et, en étant patient, j’ai réussi à sortir. »
Il reste des séquelles mineures, qui ne m’empêchent pas de vivre, mais qui a priori ne vont pas du tout se résorber.
Comme pour tous les autres, cette expérience de mort imminente l’a bouleversé. Il a commencé les anxiolytiques et les séances avec un psychologue en janvier 2016 mais a terminé cette cure neuf mois plus tard et a été déclaré officiellement et médicalement « consolidé » par le fonds d’indemnisation au 13 mai 2017. « Il reste des séquelles mineures, qui ne m’empêchent pas de vivre, mais qui a priori ne vont pas du tout se résorber », explique-t-il. Il ne supporte par les feux d’artifice, l’odeur de la poudre, repère la sortie de secours en allant aux concerts. Il fait toujours des cauchemars. Il a été d’abord vice-président de Life for Paris, puis président à partir de septembre 2017.