Tout l’été, « Les Jours » vous plongent dans un autre monde, celui de la justice française de 1973. Du lundi au vendredi à midi, nous publions des extraits des minutes correctionnelles du tribunal de grande instance de Paris d’il y a tout juste un demi-siècle. Un regard sur les délinquants du passé avec les mots de l’époque (lire l’épisode 1, « La délinquance, c’était mieux avant ? »). En accès libre.
«Prévenu : Lamine Dia, né présumé en 1943 à Sylanabé, au Sénégal, ouvrier spécialisé, marié, demeurant 2, rue Saint-Denis à Paris Ier, de nationalité sénégalaise.
Attendu qu’il résulte de l’information, des débats et de la déposition des témoins à la barre la preuve que le 8 février 1973 à Paris, Lamine était interpellé par les services de police alors qu’il semblait importuner une passante, qu’après avoir présenté sa carte d’identité, le prévenu s’emportait soudainement et porta des coups de tête et de poing à l’inspecteur de police Bettencourt ; que ses collègues Coupet et Guillaume intervinrent et cherchèrent a raisonner le prévenu ; que Lamine se précipita alors sur une poubelle, en sortit deux bouteilles qu’il lança dans la direction des inspecteurs, dont l’une vint heurter le dos de l’inspecteur Coupet ; que paraissant se calmer, Lamine consentit à se rendre au commissariat mais, qu’en passant devant l’immeuble où il est domicilié, pénétra dans cet immeuble et en sortit armé de deux pavés qu’il lança contre les inspecteurs et dont l’un atteignit Coupet. Qu’ainsi la prévention est établie et qu’il échet au prévenu de faire application de la loi.
Le tribunal déclare Lamine convaincu et coupable de rébellion et de violences à agents de la force publique et condamne Lamine a la peine de huit mois d’emprisonnement et 500 francs d’amende. »