Debout à la barre, mains jointes et jambes écartées, Alexandre Benalla a adopté la même posture que lors des audiences. Face au tribunal, pendant une grosse demi-heure, il reste quasiment immobile. En ce vendredi 5 novembre, l’ex-chargé de mission de l’Élysée n’a pas droit à la parole. La présidente du tribunal, Isabelle Prévost-Desprez, est lancée dans la lecture du jugement, qui se transforme en leçon de morale à son endroit. Fustigeant son « sentiment d’impunité et de toute-puissance », le tribunal souligne sa constance à « nier les faits » tout au long des deux instructions, ainsi qu’à l’audience, refusant ainsi « de reconnaître sa responsabilité pénale ». La peine prononcée s’emploie à la lui rappeler : Alexandre Benalla est déclaré coupable de toutes les infractions retenues contre lui (à l’exception du port sans droit d’insignes de police). Il est condamné à trois ans de prison, dont une année ferme
Chargé de coordonner la sécurité du président de la République, Alexandre Benalla était poursuivi notamment pour « violences en réunion » ou « détention et port d’armes », après avoir été filmé, place de la Contrescarpe à Paris, en train de brutaliser des manifestants, en marge des défilés du 1er mai 2018. D’autres vidéos l’ont montré dans les mêmes dispositions au Jardin des plantes, un peu plus tôt dans l’après-midi, en compagnie de son « frère d’arme » Vincent Crase. Mais à l’audience, l’ex-chargé de sécurité a assuré avoir « agi en citoyen » et avoir « voulu bien faire ». Pour justifier leurs agissements, les deux comparses se sont constamment retranchés derrière l’article 73 du Code pénal (lire l’épisode 5, « Le 1er mai, Alexandre Benalla fait ce qu’il lui plaît »). Une défense fustigée par la tribunal : « Très clairement, vos interventions n’étaient à aucun moment nécessaires », déclare la présidente.