Peut-il y avoir personnage plus improbable, dans un procès de tueries jihadistes, qu’un militant néonazi culturiste au crâne rasé, suprémaciste blanc ? Le procès en a pourtant vu déposer non seulement un mais deux, Claude Hermant et Christophe Dubroeucq, passagers un peu clandestins de l’audience le 1er octobre, car cités comme témoins par la seule défense. Ces personnages dérangent visiblement le ministère public, qui ne demandait pas à les voir témoigner. C’est compréhensible car pour l’antiterrorisme, ils incarnent un épisode pour le moins gênant des prémices des attaques du 7 janvier 2015 : l’enquête a établi par les numéros de série des armes qu’Amedy Coulibaly avait tué la policière Clarissa Jean-Philippe le 8 janvier 2015 et les quatre victimes de l’Hyper Cacher le lendemain avec deux fusils d’assaut d’origine tchécoslovaque VZ et six pistolets Tokarev provenant non pas, comme on aurait pu le penser, de réseaux occultes islamistes, mais de ces néonazis lillois.
Lille a merdé, les services ont merdé. Il devrait y avoir d’autres coupables dans le box, mais c’est pas moi.
De surcroît, ces extrémistes de droite notoires étaient, à l’époque des faits… indicateurs de la gendarmerie et de la police. Surtout

Claude Hermant, 51 ans, appelle tout cela « un énorme loupé ». Crâne rasé et barbe épaisse, il se présente à la cour le 1er octobre avec un aplomb certain, en t-shirt et en retard sur son horaire de convocation. Il assure que les attentats commis avec ses armes l’empêchent encore de dormir la nuit. Il se permet surtout de faire la leçon aux nombreux services de sécurité de l’État impliqués en son embarrassante compagnie dans ce lamentable épisode.