Lors de cette première semaine d’audience, la cour d’assises de Paris a interrogé de nombreux témoins oculaires de la bagarre qui a entraîné la mort de Clément Méric, le 5 juin 2013, et de l’heure qui l’a précédée (lire l’épisode 1, « Clément Méric, un procès politique »). Vendredi après-midi, c’était au tour des trois camarades de la victime. Steve D., Aurélien B. et Matthias B. se sont eux aussi rendus à la vente privée du show-room de la rue Caumartin et battus contre les accusés. Avant eux, trois vendeurs, deux vigiles et quatre passants s’étaient succédé à la barre. Malgré l’affluence dans la rue au moment des faits, il reste impossible de retracer exactement de ce qui s’est passé, entre la première altercation dans le show-room et le dernier coup de poing qui a fait chuter la victime dans la rue. Et il est peu probable que la suite des débats permette de tout élucider.
À coup sûr, ceux qui ont accepté de fouiller dans leurs souvenirs voulaient aider. Certains témoins sont physionomistes, d’autres ont repéré un élément important ou se sont montrés précis dans leurs descriptions. Mais on a aussi entendu un vendeur évoquer « dix personnes » quand il y en avait quatre, une passante décrire les occupants d’un banc alors que tout le monde était debout, ou un ancien SDF confondre Esteban Morillo, auteur du coup qui a fait tomber Clément Méric, avec l’un de ses amis, porteur d’une queue de cheval, qui a bénéficié d’un non-lieu.
Si certains faits sont établis par l’enquête et confirmés devant le jury, d’autres pâtissent de la mémoire imparfaite propre aux êtres humains, par définition subjective et perméable à la suggestion.