Promise un temps au rôle de première dame, la voici première prévenue, appelée à la barre, ce jeudi 27 février. Penelope Fillon s’avance, costume intégralement noir, serre-tête dans un brushing impeccable. Hésitante et bientôt accablée. Ses mots s’enroulent dans son accent britannique, on peine à l’entendre. Elle peine à s’expliquer. Quelles étaient les tâches effectuées auprès de son mari, François Fillon, qu’elle a décidé d’« épauler » dès son élection en 1981 ? « Je m’occupais du courrier à la maison à Sablé, de petites revues de la presse locale et des événements marquants, je rédigeais des fiches lorsqu’il était invité à des manifestations… », avance Penelope Fillon. La présidente, Nathalie Gavarino, posée et respectueuse face à la timidité de Penelope Fillon, se montre plus tranchante : « Mais vous n’étiez pas connus au début, les gens vous écrivaient ? » « Oui, les gens savaient où on habitait. […] “François Fillon” à Sablé [sur l’enveloppe], ça arrivait. »
Les réponses sont rodées mais ne résistent pas aux demandes de précisions. Penelope Fillon renvoie inlassablement à son mari. Au début des années 1980, elle est rémunérée pour différents rapports (étude sur « le bocage sabolien », « études générales » ou encore sur « l’organisation du secrétariat »…). Comment étaient choisis les thèmes ? « C’est mon mari qui les fixait. » Que sont devenues ces études ? « Je les ai rendues à mon mari. » Qui fixait le montant de la rémunération ? « Mon mari, en fonction du reliquat de son enveloppe parlementaire. » Incapable d’expliquer comment elle organisait ses recherches, ni si ces études s’enchaînaient ou comment elle organisait sa vie professionnelle et sa vie de famille, Penelope Fillon est au supplice. En milieu d’après-midi, l’un des procureurs, Bruno Nataf, lâche : « Nous avons mal pour vous, madame… » et se déclare « en empathie ». Bronca sur les bancs de la défense. Il a pourtant traduit le sentiment palpable dans la salle d’audience.

À partir des années 1990, Penelope Fillon travaille de façon plus « structurée » avec son époux, comme elle l’a déclaré aux enquêteurs. Elle signe des CDI, à temps partiel et à temps plein, comme assistante parlementaire. Là encore, elle ne parvient pas à expliquer ces variations : « Je ne sais pas comment a été calculé mon salaire. » La présidente : « Mais ça ne vous intéressait pas de savoir combien vous gagniez ? » Visiblement, non : « Je n’allais pas réclamer… », avance-t-elle, toujours plus évanescente.