Les débats ont repris là où ils s’étaient interrompus, avec l’interview filmée du Sunday Telegraph où Penelope Fillon se décrivait en mère au foyer, éloignée des activités professionnelles de son mari (lire l’épisode 2, « À la barre, le supplice de Penelope »). En ce lundi 2 mars, premier jour de la seconde semaine du procès des époux Fillon, la présidente, Nathalie Gavarino, suggère de visionner la vidéo. L’avocat de Penelope Fillon, Pierre Cornut-Gentille, n’est pas d’accord. Pour lui, c’est un «microévénement». «Nous perdons beaucoup de temps sur des éléments qui ne le méritent pas», ajoute-t-il encore. Mais sur le banc des procureurs, on ne lâche rien : l’un d’eux demande à visionner tout le sujet d’Envoyé spécial– une demi-heure – qui contient des extraits de l’interview. «Vous demandez la poursuite du tribunal médiatique!», s’emporte Pierre Cornut-Gentille. Si c’est comme ça, Antonin Lévy, l’avocat de François Fillon, exige, lui, la «lecture intégrale» des propos des personnes intervenant dans l’émission qui ont ensuite été entendues par les enquêteurs. La présidente sort le drapeau blanc. Elle réserve sa réponse pour ce jeudi.
François Fillon au Palais de Justice de Paris, le 26 février 2020
— Photo Alain Guilhot/Divergence images.
La défense veut en arriver fissa au sujet principal du jour : les témoignages et les pièces (articles de presse, courriers et mails…) qu’elle a versés au dossier pour prouver la réalité du travail de Penelope Fillon. Commence alors une longue après-midi de lecture de ces différents éléments par la présidente. À chaque fois, elle invite les époux Fillon réunis à la barre – madame à gauche, monsieur à droite – à réagir et à préciser le rôle de Penelope Fillon. Le témoignage de leurs enfants, Charles et Marie, confirment les activités de leur mère. Et les collaborateurs de François Fillon, qu’en savaient-ils ? Anne Koenig, son assistante parlementaire de 1982 à 1988, se souvient de Penelope Fillon sur des déplacements mais n’avait «aucune idée» de l’existence d’un éventuel contrat de travail. Tout comme Anne Faguer, assistante plus récente, de 2012 à 2017, qui a déclaré aux enquêteurs avoir vu Penelope Fillon exercer des activités auprès de son mari sans savoir s’il y avait un contrat. Nathalie Blain, son assistante parlementaire de 1997 à 2002, travaillait aussi pour la fédération RPR de la Sarthe et faisait remonter les sujets locaux vers le député. La présidente se demande si ça ne faisait pas «doublon» avec le rôle de Penelope Fillon. Négatif, selon l’ex-député : sa femme s’occupait des