Il écope de cinq ans de prison dont deux ferme ; sa femme, de trois ans avec sursis. Condamné à rendre plus d’un million d’euros, le couple fait appel.
Il est 14 heures pile ce lundi et les trois prévenus sont appelés à la barre. François Fillon s’avance. Sa femme Penelope campe sur sa gauche et son ex-assistant parlementaire, Marc Joulaud, à sa droite – dans le même ordre que pendant les auditions. La présidente de la 32e chambre correctionnelle, Nathalie Gavarino, vient de lire, pendant une demi-heure, le détail du jugement, déclarant les trois prévenus coupables de « détournement de fonds publics » ainsi que de complicité et recel d’« abus de biens sociaux », pour les emplois fictifs occupés par Penelope Fillon entre 1998 et 2013. La sanction sera «sévère» à l’encontre de François Fillon, prévient-elle, eu égard aux responsabilités passées de l’ex-ministre et Premier ministre au plus haut sommet de l’État. La peine tombe, conforme aux réquisitions du parquet (lire l’épisode 7, « Le parquet fait une proposition ferme à François Fillon ») : cinq ans d’emprisonnement dont deux ferme et 375 000 euros d’amende, assortis d’une peine d’inéligibilité de dix années. Penelope Fillon écope de la même amende et de trois ans avec sursis, tout comme Marc Joulaud – au-delà des deux années réclamées par le parquet contre lui – qui devra verser une amende de 20 000 euros. Les trois prévenus sont aussi condamnés à verser plus d’un million d’euros de dommages et intérêts à l’Assemblée nationale, en remboursement des sommes perçues. Mais la présidente n’en a pas tout à fait fini : la facture s’alourdit de 401 000 euros à payer solidairement par François et Penelope Fillon, et de 679 000 à payer solidairement par Penelope Fillon et Marc Joulaud.
Penelope et François Fillon lors de leur arrivée au Palais de Justice de Paris, le 29 juin 2020
— Photo Michel Euler/AP/Sipa.
Contrairement à la décision dans le procès du couple Balkany, aucun mandat de dépôt n’est prononcé. François Fillon reste donc en liberté. Mais le jugement lu par Nathalie Gavarino a été implacable. Les magistrats ont pointé les «manquements» de l’ancien Premier ministre et ancien parlementaire à ses devoirs de «probité» et d’«exemplarité». En faisant «prévaloir son intérêt personnel sur l’intérêt commun», dans un but d’ «enrichissement personnel», François Fillon «a contribué à éroder la confiance» des citoyens, ont-ils encore souligné. Ils ont jugé qu’au cours des audiences la défense n’avait réussi à fournir «aucun élément probant» du travail de Penelope Fillon comme assistante parlementaire de François Fillon, puis de son suppléant Marc Joulaud (lire les épisodes 2 à 5 de Rends l’argent).