L’air las et la mine contrite, l’ex-troisième épouse de Michel Fourniret, Monique Olivier, a suivi son procès de façon attentive. Elle comparaissait pour complicité d’assassinat de Farida Hammiche et recel du magot volé au gang des postiches, trente ans plus tôt. Elle a écopé d’une peine de vingt ans de réclusion criminelle, le serial killer d’une seconde perpétuité. Le poids de ses 70 ans sur ses épaules, légèrement voûtée, Monique Olivier a essayé de se tenir droite dans le box des accusés, sans un regard pour le chasseur de vierges avec qui elle a vécu dix-sept ans en assistante puis confidente. C’est elle qui, au 121e interrogatoire de la police belge en 2004 (lire l’épisode 10, « Et Fourniret tomba »), avait fini par le dénoncer pour ses meurtres sexuels et pour ce crime crapuleux, « ce règlement de comptes lié au banditisme pour s’approprier un stock d’or ».
Déjà condamnée à perpétuité assortie de vingt-huit ans de sûreté pour complicité de sept assassinats de jeunes filles et pour association de malfaiteurs, la recluse de la maison d’arrêt des femmes de Rennes n’a plus rien à perdre et paraît commencer à réaliser l’horreur de son entreprise en duo avec Michel Fourniret. « Quand je repense à tout ça maintenant, c’est incompréhensible », dit-elle à la cour en baissant la tête. Ou encore : « Je demanderai pardon aux familles car c’est par ma faute qu’elles ont perdu un être cher. » Divorcée de Fourniret depuis 2010, elle a pris de la distance. Interrogée par le président Didier Safar, elle a essayé d’expliquer pourquoi elle avait scellé son destin en 1987 avec ce détenu rencontré via une petite annonce qu’il avait passée dans Le Pèlerin (lire l’épisode 5, « Le pacte diabolique ») : « J’avais besoin d’exister. »

Solitaire et nonchalante depuis l’adolescence, cette fille d’artisan peintre née à Tours le 31 octobre 1948 avait été embauchée à 22 ans comme sténodactylo par un moniteur d’auto-école du côté de Nantes, André, puis était devenue son épouse. Mais les violences de cet homme l’ont conduite à fuir à Nîmes, lui laissant leurs deux fils. Alors garde-malade, Monique Olivier s’embarque en 1987 dans une correspondance avec ce détenu qui la flatte, l’appelle « Natouchka » ou sa « mésange », et lui promet de la venger de son ex. Elle sait pourtant que ce Michel Fourniret a déjà commis des agressions sexuelles sur des mineures (lire l’épisode 1, « Fourniret, naissance d’un prédateur »). « Vaguement », dit-elle.