Chef de groupe à la brigade criminelle de Paris, l’inspecteur Bernard Pasqualini ne s’occupe pas des braquages en série du gang des postiches, dévolus à ses collègues de la BRB, la brigade de répression du banditisme (lire l’épisode 2, « Les Postiches, naissance d’un gang de braqueurs »). Encore moins de l’agresseur sexuel Michel Fourniret, alors écroué (lire l’épisode 3, « L’étrange détenu Fourniret »). Il est en revanche chargé de meurtres d’envergure, comme ceux de deux policiers dans une fusillade avec des membres d’Action directe (AD) en 1983. Sa hiérarchie et son préfet sont à cran, car les leaders du groupe armé, Jean-Marc Rouillan et Nathalie Ménigon, amnistiés en 1981 par le gouvernement socialiste, sont désormais dans la nature, pistolets au poing. L’inspecteur Pasqualini enquête sur le premier cercle d’AD mais aussi sur la mouvance d’activistes autour d’eux, sur « l’association de malfaiteurs ». Il passe tellement de temps sur ce dossier, coté 953 chez le juge antiterroriste Jean-Louis Bruguière, que sa secrétaire l’appelle « Monsieur 953 ».
De permanence ce 15 novembre 1985, Bernard Pasqualini, bouc pointu et visage carré, dévore un sandwich dans sa voiture sur les quais de Seine « entre midi et deux » lorsque sa radio se met à crachoter : « Diamant 10 de Z2, prendre contact avec la salle. » Le ton comminatoire du chef d’état-major ne souffre aucun retard. Pasqualini, indicatif radio « Cristal 16 », appelle aussitôt. Il entend alors :