Les trois agents ont été condamnés à des peines légères. Un verdict clément qui illustre la laborieuse quête de justice des victimes de violences policières.
«Nous allons continuer à poser des questions jusqu’à ce que nous gagnons ce procès, qui déjà n’aurait pas dû avoir lieu. » La défense de Marc-Antoine C., par la voix de Me Thibault de Montbrial, a, dès le départ, envisagé le procès comme une victoire. Accusé de violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente sur Théo L., le policier – désormais en poste dans un service informatique, toujours pour le ministère de l’Intérieur – encourait quinze ans de réclusion criminelle. Ce vendredi 19 janvier, près de sept ans après les faits, il a été acquitté du crime de violences volontaires ayant entraîné une infirmité permanente. Le geste d’estoc a été requalifié en délit et le policier de 34 ans a donc été reconnu coupable de violences volontaires ayant entraîné une ITT de plus de huit jours. Il a été condamné à douze mois de prison avec sursis. Marc-Antoine C. est également interdit d’exercer sa profession sur la voie publique et de porter une arme pour une durée de cinq ans. Ses deux ex-collègues, accusés à ses côtés d’avoir asséné des coups à Théo L. alors qu’il était menotté, ont été condamnés à trois mois de prison, également assortis du sursis. La justice leur interdit d’exercer sur la voie publique et de porter une arme pour une durée de deux ans. Des peines en deçà des réquisitions de l’avocat général. Le représentant du parquet avait demandé trois ans avec sursis contre Marc-Antoine C., pour des « gestes de violence gratuite, de pure violence policière ». « À quand du ferme pour la police ? », ont crié des militants à la sortie de l’audience, brandissant des affiches rouges avec le visage de plusieurs victimes de violences policières.
Les accusés et le parquet de Bobigny ont dix jours pour interjeter appel de cette décision. S’ils ne le font pas, ç’en sera fini de « l’affaire Théo » au niveau judiciaire. Il restera la blessure de l’homme de 29 ans aujourd’hui (lire l’épisode 2, « Théo L., l’“infirmité permanente” et les policiers qui n’ont rien vu »), les effets de celle-ci sur la vie de celui qui se rêvait footballeur avant les faits et sur sa famille, mobilisée d’un seul bloc pour le soutenir. Il restera aussi le souvenir de ce dossier dans la mémoire collective. Théo L. a déjà fait les frais de cette célébrité soudaine et malheureuse. « Certains policiers maintenant disent “On va te faire une Théo”. Je suis devenu un truc, en fait, une agression », a-t-il déploré lors de son audition à l’audience.
Dans la salle d’audience, ce rôle, qui lui a été attribué à ses dépens, de représentant des victimes de violences policières s’est affiché tout au long des deux semaines du procès.