Si on voulait poursuivre la peinture de ce Mondial par une métaphore footballistique, on décrirait les messages « écologistes » de la Fifa comme un but contre son camp. La besace de l’organisation était pourtant déjà bien pleine pour cette Coupe du monde qatarie, avec la possible corruption planétaire ayant présidé à son attribution en 2010, les cadavres de travailleurs exploités sur les chantiers de construction (lire l’épisode 1, « Au Qatar, Amnesty la met au fonds »), les sombres arrangements géopolitiques qui sous-tendent l’événement (lire l’épisode 2, « Qatar, le monde au Doha et à l’œil »). On pouvait penser que tout cela suffirait pour alimenter la légende noire du Mondial le plus scandaleux de l’histoire. Pourtant, aidés sans doute par des myriades de communicants et de consultants qui bourdonnent autour du pot de miel du foot business, la Fifa et le Qatar se sont mis en tête d’en rajouter et de prétendre repeindre l’épreuve en vert. Ils ont promis de neutraliser son impact sur le changement climatique.
Une Coupe du monde zéro carbone, comment est-ce possible, en plein désert, avec des stades neufs climatisés qui accueilleront des millions de fans ? Simple, répondent les organisateurs : grâce au mécanisme de compensation par achat de « crédits carbone » et avec l’aide du concept très « compact » de ce Mondial qui se déroule dans une seule agglomération. Saupoudrez d’un peu de panneaux solaires, de quelques espaces verts et le tour est joué.