Dans la camionnette qui file vers la vigne, Gilles est intarissable. Il a 61 ans, travaille depuis une quinzaine d’années à Volnay pour le domaine viticole Voillot – que Les Jours suivent pendant une saison de vin. Ce sont ses derniers jours de travail : à la fin du mois, il sera en retraite. On est assis tous les deux sur la banquette arrière et en lissant des moustaches exubérantes, il me raconte des anecdotes sur le pays, me parle de sa jeunesse, du temps où ils buvaient « du corton-charlemagne au seau », un grand cru de Bourgogne, à l’époque il était abordable. Gilles Mathieu a été pendant vingt-cinq ans journaliste au Bien public, le quotidien régional. Il écrivait sur le sport et le vin, était un notable de Beaune. Le patron du domaine Voillot était l’une de ses sources, ils se connaissaient depuis le collège. En 2009, quand le Crédit mutuel a racheté son journal, Gilles a choisi de partir. Pour beaucoup, il ne représentait plus grand intérêt puisqu’il n’écrivait plus. Il tournait en rond, le moral déclinait. Jean-Pierre Charlot, le vigneron du domaine Voillot, l’a embauché comme « ouvrier vigneron », pour l’occuper au départ. Il est resté, et prendra donc sa retraite la semaine prochaine.
On retourne aux vignes pour la première fois depuis les vendanges. Passées les vinifications, le millésime 2016 dort paisiblement dans les caves, on va bientôt commencer l’élevage. En attendant, il faut déjà se tourner vers le 2017, important pour l’avenir du domaine (lire