Il n’y aura pas de débat, pas de vote, pas d’abrogation. L’une des dernières cartouches aux mains des opposants à la réforme des retraites a fait long feu, ce jeudi 8 juin. Le groupe des députés Liot a retiré sa proposition de loi dont l’article premier visant à abroger la retraite à 64 ans avait été rejeté devant la commission des affaires sociales. La présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, avait de toute façon annoncé qu’elle dégainerait la Constitution
Cinq mois après le début de la mobilisation, les chances d’enrayer le cours de la réforme étaient déjà minces. Comme une ultime claque à ses adversaires, les premiers décrets d’application, dont celui portant sur le report de l’âge légal, ont été publiés le 4 juin au Journal officiel. L’échec de la dernière piste parlementaire enfonce encore un clou dans le cercueil de la mobilisation.
Au pied de l’Assemblée nationale, peu avant la manifestation du mardi 6 juin, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, le reconnaissait, « le match pour les retraites est en train de se terminer ». Hormis de possibles recours juridiques contre les décrets, l’intersyndicale, qui doit discuter des suites la semaine prochaine, n’a pour l’heure pas annoncé de plan B, alors que l’été se profile. La défaite de la proposition de loi Liot, soutenue par la gauche, est à l’image d’un mouvement qui, malgré des chiffres historiques de manifestants dans les rues, malgré une intersyndicale soudée comme jamais, malgré des grèves longues dans des secteurs-clés, malgré le relais des casserolades, n’a jamais fait dévier le gouvernement. Les Cassandre qui, dès le début du mouvement, envisageaient qu’il n’aurait qu’à faire le dos rond (lire l’épisode 6, « Retraites : une telle tension est inédite »), avaient vu juste.
Si le gouvernement n’avait pas eu si peur de perdre, il n’aurait pas sorti tous ces artifices.
Le petit semestre de contestation n’aura pourtant pas été une promenade de santé pour l’exécutif. Le bulldozer de la réforme a avancé coûte que coûte, mais en causant beaucoup de dégâts. Dès février, la rapporteure du texte, la députée Renaissance Stéphanie Rist, déclarait devant l’Association des journalistes de l’information sociale : « On n’a pas envie d’un 49.3. Est-ce que ce serait un échec politique ? C’est sûr. » Bingo... (lire l’épisode 7, « 49.3 : Borne et l’article de la mort »).