Il y a bientôt un an, autant dire un siècle, Emmanuel Macron entamait sa campagne express pour sa réélection. Après une tentative avortée début 2020, revenait sur la table le projet d’une réforme des retraites. À écouter alors les conseillers en charge de son programme social, il n’était plus question de révolutionner le système avec une nouvelle architecture par points
Et puis, une autre histoire est apparue. C’est désormais au nom de la seule survie du régime que le gouvernement s’agrippe à son projet impopulaire. Au secours, la maison brûle. Le 2 février, sur France 2, la Première ministre Élisabeth Borne a une fois de plus décliné le champ lexical de l’urgence : « C’est indispensable de mener une réforme pour sauver notre système par répartition » ; « Structurellement, année par année, des déficits vont s’accumuler » ; « Le déséquilibre du système est là. Si l’on ne fait rien, on sera amenés à baisser les pensions ». Le matin même, lors d’une rencontre avec des journalistes de la presse sociale, la députée Renaissance Stéphanie Rist abondait, quasi au mot près : « Notre objectif […], c’est l’équilibre budgétaire du système, pour maintenir le système par répartition. » Rapporteure du texte, elle a la tâche périlleuse de défendre le projet en séance publique à l’Assemblée nationale à partir de ce lundi 6 février.
Quel est donc ce péril qui guette les retraites, mastodonte de notre protection sociale, héritage de la Libération (lire l’épisode 1, « Les 64 ans entre quatre-z-yeux ») ? Pour mieux convaincre les millions de Gaulois visiblement réfractaires à sa pédagogie, Élisabeth Borne a tenu à projeter sur France 2 « une courbe ». Dans son étude d’impact, le gouvernement anticipe un déficit de l’ordre de 14 milliards d’euros à horizon 2030, puis de 26 milliards d’euros au cours de la décennie 2040, si la productivité du travail progresse de 1 % et que le taux de chômage, à long terme, se maintient à 4,5 %. D’ici dix ans, soit vers 2033, les déficits cumulés s’élèveraient à 150 milliards d’euros. La faute à un « déséquilibre croissant » entre actifs et retraités. En 2005, deux cotisants payaient pour un retraité. Aujourd’hui, ils sont 1,7 et, en 2040, ils ne seraient plus qu’1,5. Pour le gouvernement,