Turquie, envoyée spéciale
D’un coup, le sol tremble, de haut en bas, le bâtiment se met à remuer, un vrombissement se fait entendre, de plus en plus fort, et puis les cris, l’électricité qui s’éteint. La cinquantaine de clients du restaurant se rue vers la sortie, plusieurs personnes trébuchent. La panique. Le restaurant subira des dégâts importants, mais rien ne s’est effondré, hormis les baies vitrées, tombées sur les sièges où l’on dînait quelques instants plus tôt avec Nami, un volontaire turc d’origine italienne au français fleuri, ainsi que mes deux compagnons de voyage journalistes. C’était le 20 février dernier, au sud de la Turquie, à Antakya, l’ancienne Antioche, dans la région du Hatay, bordée à l’est par la Syrie, et à l’ouest par la mer Méditerranée. « Vous avez compris, maintenant, ce que l’on a ressenti le 6 février dernier ? », me demande une cliente. Je pensais que oui, à peu près… Mais non, le séisme du 6 février aux alentours de 4 heures du matin était plus de dix fois plus puissant que celui que nous avons vécu. Il a tout détruit. Onze villes ont été quasiment rayées de la carte en Turquie. Plus de 50 000 personnes sont mortes et, parmi elles, des milliers de Syriens qui ont fui la guerre pour recommencer leur vie ici, à quelques kilomètres de leur pays.
7,8 sur l’échelle de Richter le 6 février contre 6,4 le 20 février. Sur place, à Antakya, il ne reste rien. La plupart des immeubles sont déjà détruits ou abîmés.