«Photowatt : l’oubliée du grand boom du photovoltaïque ? », « Solaire : EDF cherche à se défaire du fardeau Photowatt », « Quelle sortie de crise pour Photowatt ? »… Ces récents titres de presse ne sont pas très optimistes et il y a de quoi : la société de fabrication de panneaux solaires située à Bourgoin-Jallieu, en Isère, aujourd’hui propriété d’EDF, risque de disparaître. Ce ne serait pas la première fois qu’on promet ce triste destin au « pionnier historique de l’industrie solaire depuis quarante ans » (c’est ainsi que l’entreprise se présente sur son site). En matière d’échec solaire français, il n’y a pas que les grands projets publics qui coûtent cher au contribuable, comme le four d’Odeillo (lire l’épisode 4, « Le four qui a fait un four ») ou la centrale Thémis (lire l’épisode 5, « L’adieu au roi solaire »). Il y a aussi l’histoire mouvementée de cette PME que l’on va vous raconter en deux épisodes. Créée en 1979, Photowatt a sans cesse été freinée dans son développement, faute d’actionnaires français prêts à s’engager sur le long terme. Une preuve supplémentaire que l’Hexagone a un problème avec cette énergie propre.
À l’origine de Photowatt, il y a la crise pétrolière des années 1970 et l’engouement pour le photovoltaïque qui fait saliver les industriels. Après des années de recherche sur le solaire, plusieurs entreprises décident de réunir leurs compétences pour pénétrer un marché qu’elles espèrent en forte croissance. Il y a d’abord la société californienne Sensor Technology qui s’associe avec la Société des accumulateurs fixes et de traction (Saft), une filiale de la Compagnie générale d’électricité disposant d’un laboratoire à Marcoussis, dans l’Essonne. Vient ensuite s’ajouter l’entreprise Radiotechnique-Compelec (RTC), une filiale du néerlandais Philips, qui apporte ses équipes basées à Caen et spécialistes en cellules de silicium pour les composants électroniques. Puis arrive le pétrolier Elf Aquitaine qui, comme Total au même moment, cherche à diversifier ses activités et prend une participation dans l’entreprise. À l’issue de ces manœuvres actionnariales, un nouveau PDG est nommé, l’ingénieur Claude Rémy, ancien de Polytechnique. Les ambitions sont grandes : « En regroupant autour de Photowatt le potentiel industriel national en matière de cellules photovoltaïques, pouvoirs publics et chefs d’entreprise espèrent avoir ainsi bâti le “premier groupe européen de l’énergie solaire” », écrit en 1981 Le Monde.
Parmi les atouts de l’entreprise de 130 salariés, il y a son avance technologique.