La scène se déroule en avril dernier, au début de la première audition menée par la commission d’enquête parlementaire sur les abattoirs. Dans un grand silence, le député de Lozère Pierre Morel-A-L’Huissier (LR) lève les yeux de sa feuille et s’adresse sur un ton peu amical à deux dirigeants de L214 : Qui êtes-vous exactement ? Vous demandez la transparence, on la souhaite également. J’ai bien compris que vous avez des objectifs de militantisme végétarien, mais au-delà de cela, qui êtes-vous et qui vous finance ?
Le moment est cocasse : dans la grande enquête qui est lancée sur les abattoirs, les premiers à devoir se justifier sont ceux qui ont donné l’alerte.
L’association au nom étrange est certes fraîchement accueillie mais elle vient de remporter une belle bataille : elle militait depuis plusieurs années pour que les parlementaires enquêtent sur les abattoirs. Pour récolter leurs images, ils ont infiltré les chaînes d’abattage. Ils ont aussi demandé à des taupes de cacher leurs caméras, d’en changer discrètement leurs batteries ou d’en nettoyer les écrans couverts de sang. Une fois diffusées sur les réseaux sociaux et sur YouTube, leurs vidéos sont passées sur la plupart des chaînes de télé. Le nom de la petite association était peu cité à l’antenne. Pas grave, ça n’empêche pas L214 d’être désormais suivie par plus d’un demi-million de personnes sur Facebook, beaucoup plus que Greenpeace ou la Fondation Nicolas Hulot, par exemple.