Ses (nombreux) amis le décrivent comme un « grand serviteur de l’État », « brillant », « humble » et « efficace ». Ses (rares) détracteurs, leur opposition fût-elle de notoriété publique, préfèrent ne pas parler. La cinquantaine confiante et la mèche à gauche, Patrice Caine, président-directeur général de Thales, cultive la discrétion. On sait de lui son parcours de premier de la classe, sa femme styliste et son amour pour le golf. Ses rares interventions, principalement dans la presse économique et spécialisée, dessinent un homme déterminé, au discours millimétré et sans aspérité. Aux Jours, il a refusé une interview. « Quiet period », disent ses services de presse. Autrement dit : pas un mot du « top management » thalesien avant la publication des résultats de l’entreprise. Pas grave, ceux qui l’ont côtoyé au fil des ans et l’histoire de la boîte qu’il dirige se sont montrés plus loquaces.
Commençons par Thales. Avec 83 000 collaborateurs dans 68 pays, des marchés aussi divers que l’aérospatial, l’électronique de pointe ou l’identité et la sécurité numérique, le mastodonte peut s’enorgueillir d’un chiffre d’affaires de 18,4 milliards d’euros en 2019. Des activités que l’entreprise met, selon ses propres mots, au service « d’un monde plus sûr ». Jargon de vendeur d’armes. De fait, l’activité principale et historique de l’entreprise demeure la défense.