Caméras intelligentes utilisées par la police, portiques de sécurité déployés dans les gares, données et algorithmes mis au service de la sécurité… Derrière la « Safe City », le concept fourre-tout inventé par Thales qui rassemble des dizaines d’usages, se dessinent des menaces concrètes sur nos libertés publiques qui changent notre quotidien. Les Jours ont rencontré Myrtille Picaud, chercheuse associée au Centre d’études européennes et de politique comparée (CEE) et spécialiste du marché de la « Safe City », et Florent Castagnino, enseignant-chercheur à IMT Atlantique, qui a consacré sa thèse aux dispositifs de surveillance au sein de la SNCF. L’idée d’une « Safe City » est dérivée de la « Smart City », ce concept de ville intelligente grâce au numérique. Il s’agit, explique Florent Castagnino, d’« un modèle très centralisateur, propriétaire, qui capte des données en temps réel, avec l’objectif d’optimiser de nombreux services, de la voirie à la gestion des déchets ». Au début des années 2000, rappelle-t-il, la « Smart City » voit « IBM et Cisco commercialiser des offres qui s’inspirent de l’idée d’une ville autorégulée » mais peu à peu, les entreprises abandonnent l’idée de ces projets « qui portaient le mythe d’une solution unique, un bouton pour tout gérer ». Toutefois, « les dispositifs qui sont vendus sous couvert de ce que les industriels appellent “Safe City” sont une résurgence de la “Smart City” », indique Myrtille Picaud. Entretien.
Comment expliquer le succès de la « Safe City », malgré les limites de la « Smart City » ?